MAURICE GOURDON

1847-1941

Illustrations : Garder le pointeur sur le cliché pour voir la légende.

" Quiconque n'a point pratiqué les montagnes de premier ordre, ne pourra jamais s'expliquer l'attrait qui y ramène sans cesse celui qui les connaît. "

 

Né à Nantes, Maurice Gourdon découvre en 1862 les Pyrénées à l'âge de quinze ans. Enthousiasmé, il y revient chaque été, multiplie les courses d’exception dans le Haut-Luchonnais, les Monts-Maudits et les Posets. La montagne lui inspire une telle passion qu’il s’installe avec sa famille à Luchon en 1871.

Il entre en relation avec la Société Ramond, qui regroupe autour de Charles Packe et de Henry Russell la fine fleur des pyrénéistes, adhère au C.A.F. dès sa création en 1874 et plus tard à la Société de Géographie et à la Société des Peintres de Montagne. En 1876, le capitaine Prudent charge Schrader, Wallon, Saint Saud et Gourdon d’établir les relevés topographiques permettant d’établir de nouvelles cartes d’état-major. Gourdon se voit octroyer la Catalogne et l’Andorre, son domaine de prédilection. Il explore avec ferveur les montagnes du Comminges, du val d’Aran, les Encantats, les vaux de Cardos et de Ferrère jusqu’au Montcalm, massifs rarement pénétrés avant lui et dont il est le premier à révéler les sauvages beautés.

Rentier, Gourdon n’a jamais eu besoin d’exercer une activité professionnelle et a pu s’adonner entièrement à ses nombreuses marottes : la cartographie, la géologie, la minéralogie, l’archéologie, la paléontologie, la glaciologie, l’étude de la faune et la flore. En même temps que d’un naturaliste attentif à l’environnement, on se trouve en présence d’un montagnard intrépide, capable, comme son maître Alfred Tonnellé, de longs raids en autonomie.

Ses plus fameuses prises sont celles du tuc de Montlude et du puig d’Estanyo (1878), du pic Péguère, du pic de Bagüeňa ou Tuc de Comajuana, du Tozal de Box et du Turbon (1879), du pic de la Llanza, du tuc de Colomers et de la punta de Subenulls (1880), du pic des Salenques, du Mail Pintrat (1881), du pic de la Mine (1882) et, last but not least, du pic Noir (1881), pyramide idéalement située entre les Spijeoles et les Gourgs-Blancs, rebaptisé pic Gourdon sur une proposition de Saint Saud.

Son guide de référence est le luchonnais Barthélémy Courrège dit Nieou, auteur de la première hivernale du Nethou avec Roger de Monts (1879). Parmi les relations et compagnons de course de Gourdon, outre de Monts, il faut citer Toussaint Lézat, Eugène Trutat, Félix Régnault, Emile Belloc, Edouard Wallon, Franz Schrader, Louis Le Bondidier, le comte Aymar de Saint Saud, le général de Nansouty, Adolphe Joanne. L’historiographe des Pyrénées Henri Béraldi le compte au nombre des membres de la Pléiade.

Féru de photographie, Gourdon part en expédition avec chambre noire portative et trépied, à l’instar de ses amis Trutat et Le Bondidier. Au cours de sa carrière (1887-1908), il réalise plus de 600 photographies de la chaîne pyrénéenne. En avril 1900, Russell lui adresse ce compliment après avoir reçu de sa part un album de clichés, dont un de la grotte Bellevue : « Ah ! Comme je suis jaloux de ceux qui, comme vous, ont su combiner leurs courses avec l’art et la science ! Cela me fait rougir de mon incompétence à faire autre chose que grimper et rêver. Je n’ai jamais descendu autre chose que des… Souvenirs ! Vous m’en faites repentir. »

Gourdon est l’auteur de 170 articles, monographies et comptes-rendus sur ses explorations ainsi que d’une autobiographie au style télégraphique : Soixante ans aux Pyrénées, composée à partir de ses carnets de courses. Dessinateur habile à manier la plume et l’encre de Chine, il a légué à la postérité de magnifiques dessins à la plume dont certains sont visibles au Musée Pyrénéen de Lourdes.

Revenu dans sa ville natale en 1897, il y fonde la section locale du Club Alpin Français, dont il devint le Président honoraire, fait don de ses collections de fossiles et de minéraux en 1905 au Muséum de Nantes. Il s’éteint le 20 mars 1941, à l’âge vénérable de quatre-vingt-treize ans.

Cette présentation est librement inspirée de l’admirable travail de Jean Ritter qui, après nous avoir donné Le pyrénéisme avec Henry Russell et Bertrand de Lassus (Louvenciennes, 2001), a publié à compte d’auteur Le pyrénéisme aux Pyrénées Centrales Maurice Gourdon 1847-1941, ouvrage de référence qui inclut Soixante ans aux Pyrénées et les reproductions de 150 dessins, illustrations et photographies représentatives du travail de Gourdon (Éditions Louvenciennes, 2008).

Kaël Korpa
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