Ascension de la peña de Las Once (2.650 m)

Accès routier  : De Bielsa, descendre la vallée en direction d’Ainsa puis à Salinas de Sin prendre à gauche la direction de Plan et du Parque Natural Posets-Maladeta. La route s’enfonce dans le val de Chistau où coule la Zinqueta, affluent de la Cinca. Cinq kilomètres plus loin, bifurquer à droite vers Saravillo. Traverser le hameau puis suivre la piste forestière qui se dirige globalement vers l'Ouest et le collado de Ibón (panneau indicateur GR 15 Basa de la Mora). Au bout de deux kilomètres, alors que la piste s'oriente au Sud, laisser l'embranchement qui mène au collado de Santa Isabel et poursuivre vers l'Est. La piste traverse le barranco de Gallinés puis grimpe sec dans la forêt, et atteint en 12 kilomètres le refuge de Lavasar. L'état passablement dégradé de la piste la destine aux seuls 4 x 4. Départ à 1.920 m.

Dénivelée  : 800 m.

Horaire  : 4 à 5 h A & R.

Difficulté : La crête qui relie la peña Baja à celle del Mediodia a longtemps servi de cadran solaire aux habitants du pueblo de Plan, qui baptisèrent les éminences en fonction de l'heure à laquelle le soleil les touchait : las Diez (10h), las Once (11h) et Mediodia (midi). La crête s'étire sur près de 3 km au Nord-Est du massif du Cotiella, et délivre des vues superbes sur ce massif iconique et ses dépendances. Course aérienne mais sans problème, si ce n'est la nature du terrain, jonché d'éboulis raboteux à souhait.

Cartographie  : Carte n°5 au 1 : 40.000 des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (Bielsa - Bal de Chistau)

Bibliographie : Louis Audoubert & Raymond Ratio : 50 balades et randonnées dans le Haut Aragon (Éditions Milan, 1995) Jacques Jolfre : Randonnées vers les plus beaux lacs des Pyrénées (Rando Éditions, 2001)

Du refuge de Lavasar, on voit parfaitement la peña de las Once, point culminant de la crête que nous nous proposons de parcourir en intégralité.

Nos sacs sur le dos, J.P. et moi nous nous engageons sur le GR qui descend dans une forêt de pins à crochets, traverse plusieurs ruisseaux (où il est préférable, si ce n'est déjà fait, de remplir sa gourde) puis débouche sur une vaste clairière : la basa de la Mora, aire de pique-niques et but de sorties équestres du centre de Saravillo.

Arrivés en vue du lac, nous avons la surpise de voir s'ébattre un couple d'isards, qui doivent se demander quelle mouche nous amène dans leur domaine... Les forêts de confinères qui se reflètent à la surface de l'eau, les pelouses verdoyantes, les murailles ocrées du massif de la Cotiella qui surplombent de plus de 800 m cet ampithéâtre, évoquent les montagnes rocheuses canadiennes. On ne saurait pas autrement supris de voir surgir une harde de caribous ou un grizzly.

Avant d'atteindre le lac, repérer à gauche au milieu de la clairière un piquet destiné à mesurer la hauteur de la neige et, à la lisière de la forêt, un panneau indicateur balisé rouge et blanc. Celui du GR 15 qui mène à Barbaruens et que l'on va suivre jusqu'au collado del Aibon.

Le sentier s'égare en sous-bois mais quelques cairns assurent un service minimum. On traverse un cimetière d'arbres foudroyés avant de déboucher sur des pelouses garnies de rhododendrons où on se verrait bien bivouaquer.

Face à nous, la peña Mediodia, éminence septentrionale de la crête, à gauche de laquelle se situe la voie de descente.

Le GR nous conduit à l'orée du vallon del Aibon, en remonte le talweg, encombré de débris dont on aurait bien du mal à reconstituer le puzzle.

En deux heures, on atteint le col del Aibon ( 2.345 m), au pied du pico Llosas. A ce niveau, on quitte le GR 15 qui descend sur le refuge d'Armena et Barbaruens pour suivre la sente qui s'insinue dans la combe Sud-Est en direction d'une seconde passe.

De là (2.400m), attaquer hors sentier et hors cairn, la pente caillouteuse qui dessert la punta Baja.

Il est midi tapant, le soleil d'Aragon nous grille la nuque et J.P. regrette d'avoir oublié son couvre-chef. Victime d'un coup de pompe, il préfère en rester là. Après délibérations, je décide de monter à las Once et de le récupérer au retour. Cette fois, c'est vers le Nord-Ouest qu'on se dirige, on surplombe à main gauche l'itinéraire de l'aller.

À mi-parcours, je me retourne, persuadé d'être suivi. Une chèvre ?... Non, c'est J.P. qui a changé d'avis et grimpe à son rythme. La punta Baja (2.560 m) dépassée, la pente s'atténue, la crête est large et sans problème – du moins en l'absence de vent. On dépasse la peña de las Diez (2.563 m) avant de grimper à las Once.

Les parcours de crête comptent parmi les plus jouissifs que l'on puissent réaliser si, comme c'est aujourd'hui le cas, le beau temps est au rendez-vous.

J.P. me rejoint le sourire aux lèvres, la peña del Once méritait bien un coup de collier. On se congratule, on règle l'appareil sur le retardateur et on prend la pose. Le panorama se passe de commentaire. Outre le Cotiella et ses voisins de palier qui aimantent le regard, sont visibles au Nord-Ouest, les montagnes de Barroude, de Troumouse et le massif du Mont-Perdu ; au Nord, les puntas Fulsa & Suelza ; plus à l'Est, le Batoua, le Schrader, les Posets et les Eriste. Difficile de se trouver à de meilleures loges.

Reste à suivre la crête jusqu'à la peña Mediodia. Une balade de santé à plus de 2.500 m d'altitude. Et dire qu'il y en a qui à cette heure s'agglutinent sur les plages surveillées...

Un troupeau d'une bonne cinquantaine de chèvres nous accueille au sommet de la Mediodia (2.427 m) et J.P. se demande s'il n'a pas l'âme d'un berger. Nous observons une pause pour profiter de la vue plongeante sur l'ibon de la Mora, et méditer sur la petitesse de l'homme face à la nature.

La descente peut s'effectuer soit avant soit après la peña Mediodia. D'un côté comme de l'autre, on a à désescalader une cheminée rocailleuse puis à dévaler un grand pierrier lui-même assez croulant. 350 m plus bas, on laisse une cabane sur le droite et on recupère l'itinéraire de l'aller au niveau du "cimetière des arbres morts".