Ascension de la Moleta (2.576 m)

Accès routier  : Du tunnel du Somport, descendre vers Canfranc estación et tourner à gauche sitôt le panneau indiquant l'entrée de la ville. Traverser le pont qui enjambe le rio Aragon et suivre à droite après une barrière verte la piste carrossable qui mène en 3 km au parking Fuerte de Lladrones. Départ à 1.300 m.

Dénivelée  : 1.300 m.

Horaire  : 7 à 8 h A&R.

Difficulté  : Bien que sportive, cette ascension ne présente pas de difficulté particulière hormis la déclivité de certains tronçons. À ne pas négliger, le risque de chutes de pierres ou d'éboulement.

Cartographie  : Carte n°2 au 1 : 40.000 des Éditions Pirineo nantie d'un livret explicatif (Collarada/Aspe/Anayet/Bisaurin) disponible dans la région.

Bibliographie : Édouard Wallon : Nouvelle exploration dans les montagnes du Haut Aragon Brazato & Collarada (C.A.F., 1876).

Reconnaissable au téton qui coiffe sa cime rhomboïdale, la Moleta ou Molita fait figure de parent pauvre dans la famille Collarada. C'est la moins haute, il est vrai, des cimes individualisées du massif, mais non la moins intéressante. Poste d'observation idéal, elle garde au Nord l’entrée du Canal de Izas, au Sud celui de Ip (ou Yp), et domine la haute vallée de Canfranc de 1.300 m. Nul doute que depuis des temps immémoriaux elle a servi de tour de guet aux chasseurs et aux sentinelles en faction.

Suivre la piste en cours de réhabilitation qui s'enfonce vers l'Est, la quitter au bout d'une centaine de mètres pour récupérer le GR11 qui remonte en intégralité le Canal de Izas,  redescend sur la station de Formigal et la vallée de Teña. Un panneau indique la direction de l'Ibon de Iserias : 3h30.

On surplombe à gauche le barranco de Izas et le trajet se poursuit en sous-bois sans complication, le sentier épouse au mieux les ondulations du terrain.

Après la traversée de rochers concassés et de zones plus pentues, on émerge à l'orée du Canal de Izas, vaste prairie suspendue quasiment déserte. Seules des marmottes sorties de leur trou se frottent les yeux au lever du soleil. Le terrain s'aplanit, on laisse derrière soi les derniers bosquets pour se rapprocher du talweg où coule le rio de Izas, encadré d'énormes blocs erratiques. De belles cascades ajoutent à la beauté des lieux, l'une porte bien son nom : Divina

Monter toujours rive gauche du torrent. En une petite heure, on débouche sur un plateau de pâturages où paissent des groupes de vaches éparpillés. On aperçoit au fond du vallon, au pied du Pico de Tres Buegas, l'échancrure du collado de Izas, et par derrière les pylônes des remonte-pentes de la station de Formigal.

Au niveau d'un énorme bloc erratique (1.590 m), abandonner le GR, qui traverse le rio et se dirige vers le refuge Vuelta de Izas, et attaquer au Sud de raides pentes d’herbes et de rochers éboulés. Balisage sporadique jaune & blanc.

Une sente bien tracée louvoie à travers des croupes piquetées de sapins, de chardons bleus, de lys et de gentianes.

On s'élève dans une combe, jadis occupée par une langue glacière, dominée à gauche par les tours délabrées de l'éperon de Samán.

Une autre série de lacets et la sente vient buter sur un gradin blanchâtre que l'on contourne pour s'élever à l'Ouest en direction des escarpements des picos de Iserias.

Au terme d'une vire ascendante, on arrive au promontoire où se dresse le refuge non gardé de la Vuelta d'Iseria (1.870 m). Vue plongeante à l'Ouest sur Canfranc, les sierras d'Aspe et de la Magdalena.

À ce stade, reste environ 270 m de dénivelée pour l'ibón et 450 de plus pour la Moleta. Il faut aller la chercher en tournant le dos au refuge pour enfiler l'étroite sente en balcon qui surplombe les falaises que l'on vient de contourner. Certains passages réclament un minimum d'attention.

Col d'Iserias (2.195 m). Large selle herbeuse bénéficiant d'une vue de premier ordre au Nord sur les crêtes de l'Anayet et de la Solana de Izas auxquelles on tournait le dos. Face à nous, la Moleta, vénérable donjon rongé jusqu’à l'os par les éléments.

Descendre sur l'ibón (2.130 m) niché au fond du circo d'Iserias (ou de Samán). Dans ses eaux d'une stupéfiante nuance mentholée, ondulent de longues herbes aquatiques qui évoquent une chevelure féminine. Site rare et sauvage ceinturé par les murailles de la Tronquera, de la Moleta et de Iserias.

Contourner le lac par la droite pour suivre une sente vaguement cairnée qui longe la crête dentelée du pico d'Iserias, passe auprès d'une mare circulaire où flotte une écume d'un vert acide, et s'insinue dans un goulet sous les abrupts de la Moleta.

On grimpe rudement en direction du col de la Moleta (2.439 m), pas de temps mort, la sente déroule ses lacets à travers des banquettes mi-herbeuses mi-rocailleuses.

Au col, marqué par de curieuses structures géologiques, bifurquer à l'Est et suivre la trace qui se dirige vers la cible, désormais parfaitement visible.

La Moleta porte bien son nom, les stries qui la balafrent évoquent sans coup férir une molette crantée géante posée sur la crête.

Arrivé au pied des murailles, remonter une cheminée facile puis, soit suivre à gauche un chemin de ronde qui prend le pic en écharpe et mène au dernier ressaut, soit se glisser dans un corridor rocheux et gravir une seconde cheminée qui débouche sur la plate-forme sommitale, plantée d'un vulgaire tube tordu.

Le panorama grand format nous dédommage amplement de nos efforts, au menu : Ossau, Vertice & Pico d'Anayet, Pallas, Ariel, Balaïtous, Frondella, Gavizo-Cristail, pics d'Enfer, Garmo Negro, Grande Fache, Pala de Ip, Tronquera, Collarada, sierra de Magdalena & massif d'Aspe. Sans parler de la vue plongeante sur le lac de Iserias, 450 m plus bas.

An retour, en grimpant sur une bosse à l'écart du sentier, on peut se rapprocher du Campanal de Izas dont les flancs ravinés augurent mal de son avenir. Ce piton rocheux fut escaladé pour la première fois par George, Henri et Albert Cadier en 1897.