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Sommet incontournable pour tous les amoureux des Pyrénées, la Munia se mérite, et si de Troumouse elle peine à émerger des crêtes, du versant Sud elle surprend par la hardiesse de ses formes et la monumentalité de ses assises. C’est de sa sœur jumelle, la Robiñera, qu’elle apparaît sous son meilleur jour ; altière, auréolée de brumes, elle domine de plus de 600 m les lagos qui portent son nom. Sombre et massive, elle est protégée par une enceinte de remparts striée de cônes de déjection d’une redoutable inclinaison. À première vue, les parois paraissent trop escarpées pour qu’on puisse s’y frayer un chemin mais bien avant la venue de Ramond les chasseurs d’isards connaissaient les passes permettant de les franchir et ce sont eux qui en 1825 guidèrent les lieutenants Peytier & Hossard au col de la Sède (autrefois nommé Serre-Mourène), échancrure située au point le plus bas de la crête qui relie le pic de la Sède au Nord et le Gerbats, pour stationner au pic de Troumouse. |
Du parking, prendre le chemin de promenade qui mène aux lacs des Aires. On franchit le ruisseau du Clot sur une passerelle, laisse à gauche la statue de la Vierge, descend doucement vers les lacs dont, au cœur de l’été, ne subsistent que des mares où viennent s’abreuver les chevaux. |
Quitter le sentier principal dont une branche mène au col de la Sède, une autre à la cabane des Aires et au Couyela de Hour, pour bifurquer au Sud-Est à travers des croupes herbeuses et semi karstiques, en direction même de la Munia. |
Au niveau d’un gros bloc, suivre la sente cairnée qui serpente dans les éboulis et les amas de rochers. On s’oriente à l’Est vers les deux Sœurs de Troumouse, postées comme d’énormes jalons dans l’axe d’un couloir raide et longtemps enneigé, dont la remontée peut nécessiter l’usage des crampons. En fin de saison ne subsiste qu’un névé dont on s’écarte d’ordinaire en longeant la paroi. |
Un passage à flanc nous dépose à la base d’une seconde cheminée, plus raide mais plus courte que la précédente. |
Après une pente rocailleuse, on se heurte à une falaise haute d’une douzaine de mètres : le mur Passet (2.610 m). On l’escalade soit en zigzag soit en diagonale, sur de minces corniches, lisses à force d’avoir été foulées. Les prises sont rares et on ne saurait trop conseiller aux randonneurs impressionnés de s’encorder, en particulier à la descente. N’oublions pas qu’il n’existe pas de risque zéro et qu’une chute à cet endroit s’avèrerait très dommageable. Les guides professionnels assurent toujours leurs clients à un piton planté dans la roche. |
Cette barre franchie, on débouche au soleil, la sente suit le bourrelet d’une moraine qui s’élève dans le vallon supérieur, souvent enneigé, qui mène au col frontière de la Munia (2.853 m). |
Avant d’atteindre cette large selle du col, prendre à gauche une trace cairnée plus ou moins marquée qui se dirige vers la crête. On va la suivre durant une petite heure, tantôt à gauche tantôt à droite du fil. Accidentée, ponctuée de nombreuses césures, elle nécessite régulièrement l’usage des mains. |
Après être passé sous un bloc coincé, on parvient au Pas du Chat (2.990 m), grande dalle que l’on escalade en utilisant une large fissure ou en se hissant plus à droite. |
La crête comporte encore plusieurs ressauts et passages un peu aériens, faciles à négocier, avant de s’aplanir à la terrasse sommitale de la Munia. |
Un belvédère exceptionnel sur les cirques de Troumouse, de la Munia et de Barrosa et leurs crêtes schisteuses. Au Sud-Ouest, dans le prolongement de la crête, les chaînons des Tres Sorores (Cylindre du Marboré, Mont Perdu, Soum de Ramond) et des Tres Marias (Suca ou Cega), séparés par la large échancrure du col d’Añisclo. Egalement visibles, l’Arbizon, le Campbiel, le pic Long, l’Ardiden, le Vignemale, la Montañesa, la Fulsa et les Posets. |