Ascension du pic d'Orhy (2.017 m)

Accès routier  : D’Oloron-Sainte-Marie, rejoindre Larrau par la D 618, poursuivre la D 26 sur 8 km en direction du col d'Erroymendi puis continuer jusqu'au port de Larrau (Ulthurzéhétako Lépoua en euskara), borne frontière espagnole. Garer le véhicule sur le grand parking situé avant le tunnel (1.575 m).

Dénivelée  : 450 m.

Horaire : 2 à 3 h A & R.

Difficulté  : Véritable promenade de santé aux beaux jours, l’ascension de l’Orhy au départ du port de Larrau, voie la plus simple et la plus rapide, peut s'avérer dangereuse en hiver et au printemps en raison de l'instabilité de la couche neigeuse et du vent violent qui souffle fréquemment de l’Océan. Prévoir polaire, coupe-vent et bâtons télescopiques en toute saison.

Cartographie  : Carte IGN Forêt d’Irati-Pic d’Orhy n°1346 ET au 1/25000.

Historique : La première ascension répertoriée de l’Orhy est celle du capitaine géodésien Reinhart Junker en 1787.

Bibliographie : Jean Dabos & Louis Audoubert : 50 balades et randonnées au Pays Basque (Editions Milan, 1993). Miguel Angulo : Pyrénées 1.000 ascensions d'Hendaye au Somport (Editions Elkarnean, 2002). Patrice de Bellefon : Les 100 plus belles courses et randonnées des Pyrénées (Denoël, 1976).

Pour nos amis basques, l’Orhy (Orhi ou Orhimendi) est une montagne emblématique, une borne géodésique naturelle que par temps clair on aperçoit de très loin. C'est sur ses contreforts que les bergers se réunissent après avoir fait le tour des cayolars et des estives, que les chasseurs s'embusquent pour mitrailler la palombe lors des migrations saisonnières ou la capturer au filet, que les randonneurs reprennent contact avec la nature. Son nom découlerait du terme orre qui en euskara signifie genévrier. Alors que l’ubac présente une physionomie abrupte avec ses deux profondes cuvettes glaciaires, l’adret offre le spectacle de pâturages aux pentes modérées où les troupeaux de bovins et d’ovins paissent sous la surveillance vidéo des vautours fauves.

Qui est né sur cette terre d’élection ou est tombé sous le charme du pays basque ne peut manquer de monter à l'Orhy, montagne fréquentée depuis la préhistoire par les chasseurs et les bergers de différentes peuplades. L'Orhy est le premier sommet à dépasser les 2.000 m à partir de l’Atlantique… et à prendre de plein fouet les tempêtes venues du grand large. En hiver, sous l'effet du "Haize hegoa" ou vent du Sud, le manteau neigeux qui caparaçonne ses pentes méridionales peut se vitrifier subitement et s’émailler de plaques de verglas. L'instabilité de la couche de neige et le vent qui souffle en rafales de l’Océan rendent alors le terrain particulièrement dangereux. On profitera d’une belle journée d’automne pour accomplir cette ascension de type familiale qui, à peu de frais, permet de s’imprégner de l’atmosphère secrète de la Haute-Soule Occidentale, d’admirer la sauvage forêt d'Iraty, l'une des plus vastes hêtraies d'Europe (17.000 hectares) – elle fournissait jusqu’au XIXe siècle le bois nécessaire à la construction de mâts aux marines de France et d’Espagne. La faune est relativement préservée dans la région, on y recense chevreuil, sanglier, cerf, renard, chat sauvage, martre, lièvre et autre coq de bruyère. Les rapaces sont maîtres des airs : vautour, aigle royal, lagopède, circaète, milan et le célèbre gypaète barbu, casseur d’os invétéré.

Du col de Larrau, on remonte au Nord-Ouest le mamelon herbeux pour récupérer un chemin battu (HRP) qui passe auprès des palombières, s’élève dans des pâturages faiblement redressés.

Le sentier suit les ondulations de la crête en évitant par la gauche les modestes difficultés.

A mi-parcours, la pente se redresse, on longe les falaises d’un sommet intermédiaire, l'Orhychipia ou Orritxipia (1.883 m). Le terrain se fait plus accidenté, on est amené à poser la main lors de la traversée d’une barre rocheuse. Rien de méchant, les enfants s’en donnent à cœur joie, les chiens n’en parlons pas.

On débouche sur un replat d’où la vue sur l’Espagne, ses forêts touffues et giboyeuses, ses monts entaillés de sombres barrancos, ses vallons boisés, s’étend à perte de regard.

À la base de la pyramide, deux voies s’offrent au randonneur : poursuivre de niveau vers un petit col marqué par une butte de terre et contourner le dôme par l’Ouest ou, seconde possibilité, attaquer le glacis Sud en suivant la sente qui sinue à proximité des escarpements rocheux (variante plus raide). Des deux côtés, on émerge sur une crête large et débonnaire.

Contrairement à la Rhune, autre cime mythique du pays basque, l'Orhy n'est pas surmonté de disgracieuses antennes et paraboles, nul train à crémaillère ne monte à l'assaut de ses pentes, nulle route ne laboure ses flancs, ni tourniquet de cartes postales ni parasols, aucune poubelle débordante. Pour peu qu'on ait l'âme sensible aux beautés de la nature et qu'on ait du temps à perdre (mais quel temps n'est pas du temps perdu ?), l’endroit est idéal. Se fondre dans le paysage, contempler les nappes de brume qui ondulent à l'horizon, les crêtes qui baignent dans l'écume bleutée. Un soleil de fin d’été accroche le zénith, une douce luminosité nimbe les crêtes et les forêts alentour. L’air est vif, porteur d’effluves océaniques. La trotteuse s’immobilise. Décidément il flotte sur ces hauteurs un air qui grise et envoûte.

Panorama : à l’Est, Otchogorrigana, Xardegana, Kartxela, Anie et ses satellites ; au Sud-Est, Trois Rois, Ansabère, Acherito, Alano, Bisaurin, Aspe ; à l’Ouest-Nord-Ouest, Hautza ; au Nord-Ouest, Soum d'Occabé, Mendilaz ; au Nord, forêt des Arbatailles, Behorleguy ; à nos pieds, Larrau (Larraine), cadre du roman culte de Trevanian, Shibumi.

Variantes : Il est également possible de démarrer l'ascension au col d'Erroymendi (1.360 m), en remontant l'intégralité de la crête de Béhastoy. La dénivelée est alors de 670 m. Bien tracée, la sente passe au sommet de l'Alxurteria (1.830 m) avant d'attaquer la montée finale. La pente est sévère, le terrain souvent glissant et, en particulier à la descente, le franchissement des barres rocheuses peut poser problème aux néophytes.

L’itinéraire le plus spectaculaire pour gravir l’Orhy est sans doute celui qui part d’Irati pour remonter l’arête Nord-Ouest. Depuis le cayolar d’Ibarrondoua (1.300 m), on monte au col de Tartako Lépoua (HRP) puis au Zazpigaña (1.765 m) avant de parcourir une arête effilée et vertigineuse, la taillante d'Alupiña (II. sup.) où, comme au Ballibierña, il faut progresser à califourchon et s’aider des talons. Ce passage délicat peut s’éviter par une sente en contrebas, à peine moins exposée et impraticable l’hiver en raison d’un névé persistant. En partant du col d'Erroymendi, on peut opter pour la variante qui consiste à récupérer l’itinéraire précédent au-dessus du cirque d'Alupiña. Ascension également réservée aux montagnards confirmés.