Ascension du Pimené (2.801m)

Accès routier  : À Gèdre, prendre la direction de Gavarnie puis bifurquer deux kilomètres plus loin vers Héas et Troumouse. Bien avant Héas, après un petit camping, traverser le pont à droite et suivre la route qui mène aux parkings des Gloriettes, souvent insuffisants pour accueillir tous les véhicules. Départ à 1.670 m.

Dénivelée  : 1.300 m environ compte-tenu des pertes de niveaux.

Horaire  : 8 à 9 h A&R.

Difficulté : Ascension sans complication du belvédère de Gavarnie par le Cirque d’Estaubé et la Hourquette d’Allanz. Crête facile. Il est conseillé de partir à la pointe de l’aube pour profiter des effets de lumière sur les crêtes et les parois septentrionales.

Cartographie  : Carte Rando éditions N°4 au 1/50.000e Bigorre.

Bibliographie : Louis Audoubert et Julie Daurel : 50 balades et randonnées en Bigorre (Éditions Milan, 1994).

Moins fréquentée que celle de la Brèche, la course du Pimené est une classique pyrénéenne que de nombreux randonneurs, skieurs et touristes entreprennent en toute saison. On y rencontre des enfants ravis de découvrir la haute montagne en groupe ou en famille. Pour certains, c'est une révélation.

Connu de longue date par les bergers, les chasseurs et les frontaliers, le Pimené est le mirador par excellence de la région de Gavarnie et des vallées adjacentes, les guetteurs pouvaient aisément repérer une bête perdue, une proie, un mouvement de troupe ou de contrebande. La première ascension répertoriée est celle du géographe et minéralogiste Henri Reboul et de l’astronome et chimiste Jacques Vidal en 1787, qui le gravirent pour y effectuer des opérations de nivellement.

La voie dite normale débute au village de Gavarnie, passe par le bois se Pailla et le refuge des Espugnettes. Une variante part de l’Hôtellerie du Cirque. Les randonneurs désireux d’éviter « la cohue des touristes, excursionnistes, promeneurs à âne et pèlerins de Lourdes » (Beraldi) démarreront du lac des Gloriettes, accessible par Gèdre et la vallée d’Héas. Itinéraire de toute beauté qui permet de découvrir le fond du cirque d’Estaubé et le port de Pinède, de s’élever vers la muraille et la brèche de Tuquerouye et les deux Astazou, de franchir la passe d’Allanz, au pied du Pic Rouge de Pailla.

La randonné débute par la traversée du barrage, puis on prend le chemin qui jouxte le lac des Gloriettes, dont le niveau a considérablement baissé ces dernières années. Face à nous, la calotte emblématique du Mont-Perdu coiffe les murailles de Pinède et de Tuquerouye.

Le sentier bien tracé suit le cours du gave pratiquement de niveau. Aux abords d'une passerelle, on aperçoit sur l’autre rive la cabane d’Estaubé (1.765 m) puis on s’élève sur des talus herbeux.

À 2.150 m, alors que la Hourquette d’Allanz est en vue, on croise le sentier de Tuquerouye et du Port Neuf de Pinède (Puerto nuevo de Pineta) qui rejoint la Vallée de Pineta espagnole. Un peu plus haut, repérer à droite, à l’orée d’une combe annexe, plusieurs cairns qui indiquent la variante du retour.

 

À l’Est, les formes noueuses et tourmentées des Pics d’Estaubé, du Gabiédou, du Soum de Port Bieil, de la Canau, du Pic Blanc et du Pic de Pinède se découpent sur un ciel de lapis-lazuli.

Les lacets s’élèvent vers la Hourquette dominée par le bien nommé Pic Rouge de Pailla, protubérance calcaire riche en dépôts ferrugineux qui rougeoie au soleil levant tel un sémaphore. Belle perspective sur les Astazou et la diagonale Swan, le fond du cirque et le Pla d’Ailhet (1.820 m) où ruminent de placides bovins qui lèvent rarement la tête pour profiter de leur cadre de vie.

Brèche d’Allanz (2.430 m). On se trouve ici à la lisière de l'encastrement des plaques tectoniques. Au Sud, le chaînon colatéral Marboré-Mont-Perdu composé de calcaire crétacé ; au Nord, le granit primitif.

Basculer versant Sud-Ouest dans un terrain plus rocailleux jusqu’à l’altitude 2.300 m pour récupérer le sentier qui vient des Espugnettes et du plateau de Cardous.

La marche se poursuit en balcon jusqu’au col du Pimené (2.523 m), où on atteint la crête. Le sentier se divise en deux, une branche passe par le Petit Pimené ou Cap-Latus (2.647 m), l’autre le contourne.

Hormis un court passage où il est utile de poser la main, la crête se laisse remonter sans difficulté. Une sente progresse dans la rocaille tantôt à gauche du fil tantôt à droite. L’esplanade sommitale est à taille humaine et peut accueillir une bonne vingtaine de personnes.

Le panorama répond à toutes les attentes. Vue incomparable sur l’architecture du Cirque de Gavarnie, le Marboré, le Mont-Perdu et les montagnes environnantes. La vallée d’Ossoue est plongée dans l’ombre, le Vignemale couronné de nuées. Profitons-en, le spectacle est gratuit.

Retour : Variante qui évite de remonter à la Hourquette et fait gagner 150 mètres de dénivelée : au col du Pimené abandonner le chemin des Espugnettes pour descendre à l’Ouest dans un profond vallon herbeux. On suit un sentier cairné qui évite les éperons rocheux d’Allanz et récupère l’itinéraire de la montée au point signalé plus haut.

 

En 1792, Ramond de Carbonnières se servit du Pimené comme poste d’observatoire lors de sa conquête du Mont-Perdu. « Peu de sommets, consigna-t-il dans Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyrénées, sont d’un accès aussi facile ; aucun autre peut-être ne dédommage aussi complètement de ce qu'il en a coûté pour l'atteindre. Est-ce des aspects que l'on cherche? Voilà le Mont-Perdu, le Cylindre, le Marboré, ses tours et ses créneaux. On les a vus séparés ; il faut les voir ensemble. On les a vus de loin, il faut les voir de près. On les a vus du fond des vallées, il faut les voir de niveau, dominer ces vallées, ces cirques, ces amphithéâtres et la source des longues cascades qui en franchissent les degrés. »