Ascension de la Grande Fache (3.006 m)

Accès routier : Du col du Pourtalet, descendre à Sallent de Gallego puis, à l’entrée du village, prendre à gauche la direction de Formigal puis presque aussitôt celle de l’Embalse de Lassara (1.440 m). Franchir le barrage, dépasser les installations et garer son véhicule au terminus de la route, où on trouve des tables de pique-nique et une buvette ouverte l’été. De la retenue de Lassara, prendre le GR11 qui file Nord-Ouest en direction du vallon pastoral d’Aguas Limpias. Le sentier traverse l’impressionnant défilé du Paso del Oso (Pas de l’Ours), grimpe en rudes lacets en lisière dela forêt. On atteint le refuge de Respumuso en 2 à 3h. Situé à 2.120 m d'alltitude, il peut accueillir jusqu'à 120 personnes. Si le confort est appréciable (douche chaude), rançon du progrès, il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'à un accueil commercial et une nourriture industrielle. Coeurs sensibles s'abstenir !

Dénivelée  : 1.600 m depuis Lasarra. 900 m depuis Respomuso.

Horaire  : L’ascension de la Grande Fache (Faixa) par l'Espagne avoisinant 1.600 m de dénivelée et nécessitant 10 à 12 h de marche (hors arrêts), il est conseillé de coucher au refuge Respomuso (ex Piedrafita). 4 à 5 h A & R (arrêts non compris) depuis Respomuso.

Difficulté  : Crampons et bâtons télescopiques recommandés. Escalade finale délicate en terrain croulant.

Cartographie  : Carte N°3 Béarn au 1 : 50.000 de Rando Editions. Carte n°3 au 1 : 40.000 des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (Vallée de Tena, Vignemale, Balaïtous)

Bibliographie : Louis Audoubert : Les plus beaux sommets des Pyrénées (Editions Milan, 1998), Alain Bourneton : Les grandes Pyrénées (Editions Glénat, 1995).

Emprunter sur une cinquantaine de mètres le GR11 qui mène au collado de Piedrafita et au refuge de Bachimala, l’abandonner pour suivre à l’Est le sentier du col de la Fache et du refuge Wallon (panonceau).

On contourne les ibons de los Ranas, passe auprès des ruines d’un barrage abandonné, laisse à droite une bergerie perchée sur un promontoire. On se trouve au cœur de l’immense cirque de Piedrafita (2.160 m), encadré par le Gavizo-Cristail, le pic Peira (ou de la Peyre), la Pène d’Aragon, la Grande Fache, la punta Zarre, le pic Gaurier, le pic de Piedrafita, le pico de Llena Cantal, le pico de Tebarray, la Forqueta de Sanchacollons, le Musalès – entre autres cimes d’importance. On atteint l’ibon de Campoplano, alimenté par le torrent en provenance des lacs de la Fache. On en longe la rive gauche avant de s'élever à droite dans le ravin où bondit l’impétueux (et assourdissant) torrent de Campoplano.

Attention, l'amont du barranco est tapissé de névés persistants. Le dernier, raide et déversant, nécessite en début de saison l’usage de crampons.

On parvient aux lacs glacés de la Fache (2.500 m) puis au col frontière (2.665 m) en 2 à 3 heures. Un aigle plane sur les hauteurs, attentif à nos évolutions, puis disparait dans les replis de l'azur. La dernière longueur s'effectue rive droite d'une cascade, sur une neige rougie par une source ferrugineuse.

Du col, une sente caillouteuse zigzague sur le versant Sud de l'arête en évitant les difficultés. Le terrain est délité et fuyant. Attention aux glissades et aux chutes de pierres ! On escalade plusieurs cheminées faciles et modérément exposées (I. sup), bascule un moment côté français avant de reprendre pied en Espagne. Rien de scabreux mais certaines sections réclament vigilance et pondération, au retour notamment.

Parvenu à l'antécime (pointe Lagardère), descendre de quelques mètres en suivant une large berme sous un surplomb, traverser une sente croulante puis remonter une énième cheminée. Une crête relativement large mène au sommet. En principe, on devrait y trouver une statuette de la Vierge mais la niche est vide. Un pélérinage à la mémoire des morts en montagne a lieu tous les ans le 5 août à la chapelle du Marcadau. Les plus vaillants montent à la Fache déposer une gerbe de fleurs. L’origine de cette procession qui regroupe des montagnards venus des deux versants remonte à l’été 1941, lors duquel une touriste tarbaise, madame Chevallier, en redescendant de la Fache, dévissa sur un névé et resta miraculeusement suspendue à la dragonne de son piolet. Fervente catholique, elle commanda une statue de Notre Dame de Lourdes en marbre de Carrare au sculpteur Lacome et la fit déposer au sommet abritée dans un tabernacle. Requiescat in pace. C'est peu dire que l'on domine la situation, l'horizon s'élargit à mesure qu'on le découvre : Ossau, Balaïtous, Mont Perdu, Vignemale, Néouvielle, Ardiden, Midi de Bigorre, vallée du Marcadau et surtout les pics d'Enfer au Sud-Sud-Ouest, qu'on pourrait atteindre à tire d'ailes...

Henry Russell, qui avec le guide de Cauterets Clément Latour crut effectuer la première ascension de la Fache en juillet 1874, relate leur arrivée au col sous le grondement du tonnerre et le fracas des éclairs : "Deux heures (depuis la cabane du Marcadau) nous placent haletants, inquiets et effarés au col de la Fache. Le pic se dresse fièrement à gauche et le tonnerre le fait vibrer."Au sommet, l'orage se déchaîne : "La cime, assez aiguë, parait siffler comme un serpent sous les rafales du sud. Tout devient noir et bleu ; le Vignemale fume comme un volcan ; notre pic tremble sous nos pieds ; il gèle, il grêle, il fait nuit en plein midi. Spectacle sauvage." Ils laissent leurs noms dans une bouteille, dévalent la crête harcelés par la bourrasque, sont de retour en cinq heures à Cauterets. "La Fache est gravie, épilogua Russell, mais nos habits mirent deux jours à sécher."

Ce n'est qu'en 1909 qu'on apprit que la Grande Fache avait déjà été conquise le 26 juillet 1870 par un touriste, Hubert Durand et son guide Pierre Latour. Avec Clément Latour, frère cadet du précédent, Durand réalisa la première du Balaïtous par la bien nommée brèche Latour le 12 août 1873. Autre première de choix, celle du Néouvielle par l'arête des Trois Conseillers avec le guide Clément Catala, dit Sarraïtz, le 23 juillet 1873.