Balaïtour

Ascensions en option : Arriel, Grande Fache & Gavizo-Cristail

Accès routier  : Arrens, au Sud-Ouest de Lourdes et d'Argelès-Gazost. Prendre la D 105 qui mène au barrage du Tech et au Plaa d'Aste. Garer le véhicule sur le parking (1.400 m).

Dénivelée hors ascensions  : Etape 1 : + 900 m. Etape 2 : + 600 m - 500 m. Etape 3 : + 200 m - 200 m. Etape 4 : + 200 m - 900 m.

Horaire hors ascensions : Etape 1 : 3 heures. Etape 2 : 5 heures. Etape 3 : 3 heures. Etape 4 : 5 heures. (arrêts non compris).

Difficulté hors ascensions : Rando itinérante pour randonneur aguerri. 4 étapes sans difficulté en période estivale, à n'entreprendre que par temps sûr.

Cartographie : Carte N°3 Béarn au 1 : 50.000 de Rando Editions.

Bibliographie : Georges Véron : 100 Randonnées dans les Hautes-Pyrénées (Editions Randonnées Pyrénéennes, 1987)

Étape 1 : Du Plaa d'Aste à Migouélou

Passer devant la maison du Parc National, puis prendre à droite le bon sentier qui démarre au niveau du parking (panneau indicateur). Il grimpe raide en balcon, à découvert dans un premier temps puis en sous-bois.

Vers 1.800 m, les hêtres, les sapins pectinés, les iris, les gentianes, les fougères cèdent la place aux buis et aux rhododendrons. On prend rapidement de l’altitude dans une végétation plus clairsemée.

La sente file à travers la rocaille, au-dessus d’une combe occupée par des névés anémiques. Le végétal cède la place au minéral. On aperçoit bientôt les voûtes du surprenant barrage à voûtes de Migouélou (1959) au pied duquel on arrive en trois petites heures.

Inauguré en 1971, le refuge éponyme se trouve sur un surplomb à gauche (2.280 m). Idéalement situé sur la rive Est du lac, il est gardé tout l'été, offre 40 places en dortoirs (ni douche ni eau chaude). En sus de réserver à leurs hôtes de passage un accueil chaleureux, un hébergement et des repas de qualité, les gardiens mettent à leur disposition une bibliothèque pyrénéiste assez pointue. On y trouve en particulier L'aventure du Balaïtous de Jean-François Labourie (Rando Editions, 1993), lecture particulièrement appropriée en ces lieux.

Site splendide et sauvage. La terrasse donne sur le cirque et le lac de Migouléou, dominés à l'Ouest par les pics d'Estibère, des Tourettes et de Palada. À l'Est et au Sud, les pics Cadier et Corouaou, le Batboukou et le col d'Artouste, au menu du lendemain. L'eau du lac semble moins froide qu'il n'y parait et les naïades s’en donnent à cœur joie.

Étape 2 : De Migouélou à Arrémoulit par le col et le lac d'Artouste

Le lendemain, suivre la berge orientale du lac à travers des banquettes d'herbes et de granit saumoné.

Le sentier surplombe bientôt le plan d'eau. À son extrémité (2.360 m), laisser à gauche la sente cairnée qui s'élève vers le site lacustre de Lacarrats et au pic de Batboukou ou de Batbielh (2.650 m), accessible d'ici en 1 heure.

Le col d'Artouste (2.480 m) s'atteint sans difficulté mais non sans efforts. Splendide vue sur le Palas, le Lurien et l'Ossau... et le cirque de Migouélou.

La descente comporte des passages plus délicats à négocier. Après un corridor où il faut s'aider des mains, on parcourt les grands raillières qui plongent vers les lacs de Carnau.

Au déversoir du lac inférieur, on récupère le chemin en balcon qui descend vers le lac d'Artouste. Sur l'autre versant, le petit train touristique qui effectue la navette entre la Sagette (accessible par télécabine depuis Fabrèges) et le lac. Construit en 1924, il est resté le plus haut d'Europe jusqu'à ce qu'il soit détrôné par le train d'Interlaken qui mène à l'observatoire de la Jungfrau (3.454 m), ligne en partie creusée dans le flanc Nord de l'Eiger.

Vue au passage sur un des mastodonte de la zone : le Lurien qui domine le lac d’Artouste de près de 1.000 m. Autre colosse : le pic d'Arriel, au programme du lendemain.

Franchir le barrage du lac d’Artouste puis le torrent au niveau d'une passerelle (1.997 m). Le sentier se dirige plein Sud en épousant les contours du lac. À son extrémité, intersection : l'itinéraire de droite conduit au col d'Arrious et au Caillou de Socques, celui de gauche au refuge d'Arrémoulit, notre but du jour. Dépasser une cascade puis suivre la sente jalonnée de nombreux cairns qui grimpe à travers de grandes dalles de granit. On arrive au magnifique site lacustre d'Arrémoulit (2.305 m), dominé à l'Est par le Palas, au Sud par les Arriel.

En 1882, Adrien Bayssellance, président de la section du CAF de Bordeaux, choisit le site d'Arrémoulit pour y construire un abri. Déplacé auprès du déversoir en 1885 à l'initiative du pyrénéiste Roger de Bouillé, le refuge a été plusieurs fois détruit par des avalanches avant d'être réhabilité en 1924. C'est une base incontournable pour qui veut gravir les grands sommets du massif. L'ascension du Palas (2.974 m), par exemple, via la brèche des géodésiens. L'Arriel, notre prochain objectif, parait inaccessible d'ici, la voie normale passe par le Sud-Ouest et le lac d'Arrious. Nombreux sont les touristes qui profitent du petit train d'Artouste pour venir pique-niquer dans ce décor sauvage. Les gardiens du refuge proposent des menus qui feraient pâlir de jalousie bien des restaurateurs de la vallée, prouesse d'autant plus méritoire que la plupart des provisions sont montées à dos d'homme.

Étape 4 : D'Arrémoulit à Respomuso

Laisser à gauche la HRP qui monte au col du Palas et suivre la berge orientale du lac à travers des moutonnements de granit rabotés par un ancien glacier. À l'extrémité du dernier laquet, s’orienter vers la grande combe qui s'élève au Sud-Est. Se fier aux cairns qui louvoient entre nappes d’éboulis et névés résiduels. Frappés par les premiers rayons solaires les pics d'Arriel se drapent de bronze, leurs névés s'illuminent et les eaux du lac jouent avec leurs reflets.

Au col frontalier (2.450 m), pas de poste de douane, l’accueil est assuré par le soleil d'Aragon qui dispense chaleur et luminosité sans parcimonie.

Le sentier dévale la pente en rasant les murailles pour atteindre l'ibon d'Arriel alto (2.230 m), joyau niché au fond d'un cirque dont les pitons et les cônes d'éboulis évoquent les Dolomites. Difficile de résister au plaisir de se poser sur le tapis de verdure et de plonger ses pieds dans ses eaux aux profondeurs d'absinthe. Contourner le lac par la droite à travers d’énormes blocs écroulés et descendre au Sud en longeant les lacs d’Arriel qui jalonnent le barranco.

Au niveau d'un étranglement où jaillit une cascade (2.190 m), emprunter le chemin empierré qui s'élève sur la gauche du torrent et prend en écharpe un contrefort de la Frondella.

Pins à crochets alternent avec massifs de rhododendrons et parterres de gentianes, les cascatelles alimentent de ravissants laquets. Règne ici une subtile harmonie entre le bois et la rocaille, les racines rivalisent avec les pierres et les rochers avec les souches.

Passer auprès d'un baraquement dont il ne subsiste qu'une plate-forme de béton. Le sentier s’oriente à l’Est, surplombe le vallon d'Aguas Limpias, profonde garganta dont on ne voit pas le talweg. Au loin apparait le refuge de Respomuso reconnaissable à son toit de tôle rouge.

On récupère le GR11 au niveau du barrage de l’embalse de Respomuso (2.115 m). Sur une éminence rocheuse se dresse l’ermitage Virgen de las Nieves. Les moines qui choisissent de s’installer là doivent être des contemplatifs, difficile de trouver meilleur emplacement ! N’étaient les îlots plantés de pins à crochets et le reflet des grands sommets du cirque, on pourrait se croire au bord de quelque lagune tropicale tant l'eau présente un beau vert émeraude.

Retour à la réalité avec le refuge de Respomuso desservi par hélicoptère, qui peut accueillir toute l'année jusqu'à 120 personnes et leur offrir douche chaude et bière à la pression. Revers de la médaille, une promiscuité limite et une tambouille industrielle qui fait regretter les plats mijotés de Migouélou et d'Arrémoulit.

Étape 6 : De Respomuso au Plaa d'Aste

Après deux nuits consécutives à Respomuso, il est temps de reprendre le chemin du retour.

Emprunter sur une cinquantaine de mètres le GR11 qui mène au collado de Piedrafita et au refuge de Bachimala, l’abandonner pour suivre à l’Est le sentier du col de la Fache et du refuge Wallon (panonceau).

On contourne les ibons de los Ranas, passe auprès des ruines d’un barrage abandonné, laisse à droite une bergerie perchée sur un promontoire. On se trouve au cœur de l’immense cirque de Piedrafita (2.160 m), encadré par le Gavizo-Cristail, le pic Peira (ou de la Peyre), la Pène d’Aragon, la Grande Fache, la punta Zarre, le pic Gaurier, le pic de Piedrafita, le pico de Llena Cantal, le pico de Tebarray, la Forqueta de Sanchacollons, le Musalès – entre autres cimes d’importance. On atteint l’ibon de Campoplano, alimenté par le torrent en provenance des lacs de la Fache. On en longe la rive gauche avant de le traverser à gué et de bifurquer au Nord-Est, où on rejoint le sentier qui étire ses lacets jusqu’au port de la Peyre-Saint-Martin.

Encadré par le pic Peira et le Gavizo-Cristail (dont on peut faire l'ascension au passage), le port de la Peyre-Saint-Martin a longtemps eu mauvaise réputation. « De tous les chemins qui traversent les Pyrénées, écrivait le cartographe Roussel au début du XVIIIe siècle, il n’y a en guère d’aussi mauvais ; il se trouve embarrassé d’une infinité de roches et de pierres que les fontes de neige ont entraînées du sommet des montagnes, surtout depuis le lac de la Gourgue de Suyen aux limites. On n’y passe que dans la belle saison et par un temps fort calme, autrement on courrait le risque de périr dans ledit port et dans la montagne de la Fourque qui lui est supérieure. » Aujourd'hui, le sentier qui descend au Plaa d'Aste ne présente guère de danger – en période estivale, s’entend.

Un dernier regard sur la vallée de Llena Cantal et le cirque de Piedrafita et on bascule versant français. En contrebas du port, on laisse à droite l'itinéraire du col de Cambalès. Un dernier regard sur la vallée de Llena Cantal et le cirque de Piedrafita et on bascule versant français. En contrebas du port, on laisse à droite l'itinéraire du col de Cambalès avant d’entamer la descente du val de Castérie, émaillée de plusieurs névés qui peuvent nécessiter l’emploi des crampons.

On passe auprès de plusieurs "toues", ces abris sous roche utilisés par les bergers, les chasseurs et les colporteurs depuis des temps immémoriaux. Les lacs de Rémoulis (2.020 m) étonnent par leur teinte laiteuse. « L'opacité crémeuse de ces eaux proclame leur origine, expliquait Charles Packe : elles sont produites par la fonte de glaciers qui broient et transforment en poudre impalpable le feldspath de leur lit de granit. »

On arrive au Plaa de Labassa (1.750 m), où tôt le matin s'ébattent des hardes d'isards peu farouches. Planté au bord du Gave d'Arrens, un mégalithe triangulaire fournit l'ombre propice à une pause amplement méritée. On distingue sur la gauche les lacets qui grimpent au refuge George Ledormeur, du nom du grand pyrénéiste (1868-1952), auteur de nombreuses voies nouvelles et du célèbre guide dont le premier opus date de 1928. C'est de ce refuge que débute l'ascension du Balaïtous via le glacier (ou ce qu'il en reste) de Las Néous.

On laisse derrière nous le lac de Suyen, avant-dernière station avant le Plaa d'Aste, d'où nous sommes partis huit jours plus tôt. Durant une semaine, la variété des paysages et des atmosphères, la beauté des sites et des panoramas, les rencontres impromptues, l'accueil des gardiens de refuge, nous ont tour à tour enchantés, exaltés, émus, fait vibrer et rêver. Huit jours de trek au contact avec la haute montagne pyrénéenne nous ont permis de prendre du recul avec la vie quotidienne et ses aléas, de nous ressourcer au sein d'une nature authentique et préservée. Une page se tourne mais les images du Balaïtour ne sont pas prêtes à s'estomper. Moments privilégiés que notre petit groupe d'amis a le plaisir de vous faire partager.