Randonnée au cirque de Gurrundué (1.970 m)

Accès routier   : Du tunnel de Bielsa, après La Fortunada et avant Hospital de Tella, prendre à droite la direction de Tella puis poursuivre sur Revilla, route signalée impasse. Se garer avant le hameau (43 kilomètres du tunnel de Bielsa) où on trouve la demeure natale de Thérèse Nars (1859-1937), connue pour son dévouement envers les populations indigènes à l’époque coloniale. Départ à 1.220 m.

Dénivelée : 800 m environ compte tenu des pertes de niveaux.

Horaire : 5 à 6 h A & R.

Difficulté : Randonnée sans difficulté notable si on ne quitte pas le cheminement balisé. En période estivale, il est préférable de partir à la pointe du jour, l’après-midi la chaleur devient vite intenable. Prévoir de l’eau en conséquence, passé la dernière cascade on ne trouve pas à se réapprovisionner sur le parcours.

Cartographie : Carte n°4 au 1 : 40.000 des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (Parque nacional de Ordesa y Monte Perdido).

Bibliographie : Alain Bourneton : Les grandes Pyrénées (Editions Glénat, 1995). Alain Bourneton : Le cirque de Gurrundué (Pyrénées Magazine, Eté 2004). Alban Boyer & Jésus Pardina : Randonnées dans les Pyrénées aragonaises (Rando Éditions, 1993).

Le cirque de Gurundué est ce vaste amphithéâtre qui s’ouvre sur le flanc méridional de la secrète sierra de las Tucas, qui prolonge à l’Est le chaînon calcaire du massif Mont-Perdu et domine au Nord la vallée de la Pineta. L'itinéraire proposé permet d'atteindre le promontoire de Foratarruego d'où on bébéficie d'une splendide vue sur le cirque et les montagnes environnantes.

À la villa Chuana, prendre à gauche le chemin empierré en direction de Foratarruego. Il s'élève en balcon au-dessus de Revilla, délivre un aperçu mélancolique sur son église dégradée par les éléments, ses masures et ses granges en ruines, ses murets effondrés et ses enclos déserts. Des habitations en cours de restauration témoignent que la beauté des lieux attire de nouveaux adeptes. Qui sait si Revilla, à l’exemple d’autres villages abandonnés du Haut-Aragon, n’est pas en train de renaître de ses cendres ?

On grimpe sec au milieu des buis et des genêts qui s’accrochent aux parois de la falaise.

On traverse sur une passerelle l’impressionnant barranco de Consusa (1.350 m), qui prend naissance au pied des puntas Verdes.

Le sentier se glisse sous un tunnel de frondaisons au moment où on pénètre dans le Parque Nacional d’Ordesa.

Une passerelle en bois enjambe le barranco de la Garganta d’Angones, site sauvage où dévale une belle cascade, dernière possibilité de remplir sa gourde.

Une dizaine de mètres plus loin, laissez à gauche l’itinéraire Bocesa/Gurundué Medio qui descend vers la base du cirque de Gurundué et permet de rejoindre Escuain par le pont de Los Mallos.

Le sentier sort des bosquets pour dérouler dans un univers typiquement méridional où règnent les buis, les arizones et les pins à crochets.

Derrière nous, le Castillo Mayor étire ses flancs au soleil tandis qu’au Sud-Ouest se profilent les lourdes crêtes du Sestrales.

Poursuivre à flanc en direction d’un amas rocheux creusé de plusieurs grottes au sommet duquel se dresse la cabane de Foratarruego. Rudimentaire, elle n’offre qu’un précaire abri en cas d’intempéries mais elle existe, c'est son mérite, on peut y dormir à trois ou quatre et on y trouve une cheminée.

La sente se perd à l’extrémité occidentale de la plate-forme sommitale, belvédère inégalé sur les murailles ocrées du Circo de Gurrundué, laminées par l’impétueux torrent éponyme qui s’évase aux ruptures de niveau en une splendide queue de cheval.

« Sous une apparente uniformité, relève Alain Bourneton, cette montagne, consumée par un rayonnement à son apogée, possède de petites merveilles. C'est un vrai désert, lapiaz raviné, rongé, crevassé, fendu, déchiqueté et corrodé, sans une seule goutte d’eau apparente et où l’on se demande comment peuvent prospérer ces pins à crochets, pleins de vitalité, voisinant avec les restes noueux des tortueuses silhouettes de leurs voisins depuis longtemps desséchés. À côté d’uniformes terrasses et des masses quadrillées par des réseaux de fentes béantes, à une autre échelle, se sont formés de surprenants enfoncements, cirques et formidables tranchées murées de parois sans défauts. Il y a surtout le surprenant et peu connu cirque de Gurrundué. À partir d’une entrée qui n’est qu’une étroiture, il envoie des ramifications et des collatérales qui sont autant de recoins secrets et jamais fréquentés. »

Pour visiter le Circo de Gurrundué, revenir au barranco de Consusa. Prendre à gauche l’itinéraire Bocesa et Gurundué Medio qui mène au pont de Los Mallos. Quitter ce sentier au niveau d’un poteau pour se diriger, nettement en contre-haut du barranco, vers la base du cirque double de Gurundué. Si c'est dans la combe occidentale que jaillit la source del Yaga superior, au lieu-dit le Sumidero, c'est dans l'orientale que se rassemblent les cristallines eaux de fonte des névés suspendus aux flancs de la Monesina. On peut s’élever dans ces vasques jumelles jusqu’à l’altitude 2.300 m et faire le tour complet des gradins (3 à 4 h).

A l’Ouest, les croupes du Tozal de Vasones et du Tozal de San Vicenta. Au Nord, le cuello Viceto, la Montaña de Sensa. À l’Est les punta Boltorin et le Cotiella, au Sud-Est la peña Montañesa et au Sus le Castillo Mayor complètent un tableau qui comblera les amoureux d’une montagne miraculeusement préservée, que même les bergers ont désertée. C'est le domaine des vautours qui nichent dans les anfractuosités des parois calcaires et de quelques hardes d’isards qu’on peut voir batifoler à la pointe du jour et à la nuit tombée.