Crête des Maristas (2.430 m)

Puntas El Orban & Plana Floricon

Accès routier  : Vallée de Bielsa. Du tunnel descendre vers la vallée en direction d’Ainsa puis à Salinas de Sin prendre à gauche la direction de Plan. Cinq kilomètres plus loin, laisser à droite la route qui monte à Saravillo et prendre à gauche celle qui mène à Sin. Avant de descendre sur le village de Serveto, prendre à gauche, en face d’un panneau d’information touristique, la piste qui mène au collado de la Cruz de Guardia (non signalé). 12 km de piste récemment stabilisée accessible à tous les véhicules à condition de rouler doucement. Au col, on trouve à se garer en lisière de la piste. Départ à 2.113 m.

Dénivelée  : 450 m.

Horaire  : 3 à 4 heures A & R.

Difficulté  : Rarement visitée, la sinueuse crête des Maristás, qui sépare la vallée de Bielsa de celle de Chistau, s'étire au Sud du chaînon Fulsa/Suelza et comporte deux éminences cotées 2.430 m : le pico El Orban (ou Orbar) et le Plana Floricon, belvédères de choix sur les montagnes environnantes. Leur accès reste réservé aux randonneurs habitués à évoluer sur des pentes raides et fuyantes, hors d’œuvre incontournable de cette belle course de crête.

Cartographie : Carte N°5 au 1 : 40.000e (Bielsa/Bal de Chistau) des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (disponible en français). Carte N°23 au 1 : 50.000e  (Aneto/Posets) de Rando Éditions.

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De la fin de la piste autorisée, descendre vers le Sud-Ouest en suivant une clôture électrifiée pour accéder au collado pédestre de la Cruz de Guardia, situé sur le GR 191 reliant Sin à Bielsa.

Repérer l'amorce d'une sente terreuse qui grimpe en bordure des abrupts et l'attaquer en se fiant à de rares cairns. L'inclinaison de la pente est sévère, comptez une bonne demi-heure pour venir à bout de cette rampe de caillasses croulantes, de blocs erratiques et de pins à crochets – aux branches desquels on est parfois amené à s'accrocher.

Au sommet du ressaut, un cairn. Le dernier. Virer à droite et suivre la sente qui s'insinue à travers un bosquet de pins puis descend vers une selle caillouteuse. Ne pas s'approcher du bord qui donne sur des couloirs d'éboulis et des barres rocheuses.

Suivre les montagnes russes de la crête qui culmine au pico d'el Orban (2.430 m), que l'on atteint au prix d'une petite escalade rocheuse. Seules des chèvres intriguées par notre présence semblent familières des lieux. Vue somptueuse sur le massif des Posets, le Cotiella, les Puntas Llerga, le Mont-Perdu et ses tributaires, la Robiñera et la Munia, les Puntas Fulsa et Suelza.

Poursuivre à toute crête ou en contrebas sur le flanc Sud pour accéder à la seconde pointe des Maristás : le Plana Floricon (2.430 m).

Même vue qu'à l'Orban, mais plus distincte sur la vallée de Bielsa, le Mont-Perdu et le balcon de la Pineta.

Superbe perspective sur les Puntas Llerga, de l'autre côté de la vallée de Chistau.

Historique

La première mention des Maristas dans la littérature pyrénéiste est à mettre à l'actif de l'écrivain Alfred Tonnellé (1831-1858). Simple touriste invité à séjourner chez des amis à Luchon durant l'été 1858, il tomba sous le charme de la montagne pyrénéenne et forma le projet d'explorer le Haut-Aragon. Il fit œuvre de défricheur en parcourant les vallées d'Ordesa, de Bielsa et de Gistain [Chistau], aussi inconnues que celles de la lune à cette date. Le 1er août 1858, il réalisa la première de Forcanada ou Malh des Pois (2.881 m) avec les guides de Luchon, Lafont, Ribis et Redonnet, dit« Nate ».

La fin de son périple en Aragon l'amena à Bielsa, d'où il prit la direction de l'hospice de Chistau en suivant peu ou prou l'itinéraire de l'actuel GR191 (accessible aux VTT), qui longe la crête des Maristas pour atteindre le collado de la Cruz de Guardia. « Nous franchissons la montagne de Malista , consigna-t-il, qui sépare les deux vallées [Bielsa & Chistau] . Le chemin suit un beau ravin latéral au-dessus de Bielsa. Monté au milieu d'une végétation touffue de buis puis parmi des pins magnifiques et vigoureux. Au-dessus nous suivons un grand col herbé [Cruz de Guardia], allongé, qui n'en finit pas. Dans l'herbe, grands chardons jaunes, comme des soleils d'or, comme de larges cœurs enflammés et rayonnants. Tout le temps qu'on monte, on a la plus admirable vue, quoiqu'un peu lointaine, mais complète et grandiose, sur la masse du Mont-Perdu. C'est le versant oriental qui se présente ici, l'effet de lumière est très beau, d'abord enveloppé d'un orage noir et épais, les nuages et les rochers se confondent, puis l'orage est balayé, toutes les crêtes se dégagent vigoureusement sur le ciel. Au bas s'étale la belle vallée de Pineta, avec le sillon d'argent qui la descend et dont les ombres passantes des nuages brunissent ou polissent la surface. »

Tonnellé rédigea en cours de route un carnet de voyage considéré depuis comme un classique du genre : Trois mois aux Pyrénées et dans le Midi en 1858 .