Pics de Quatre Termes (2.724 m) & de Contadé (2.714 m)

Accès routier  : Haute Vallée de Campan. À la station de La Mongie, prendre la route du Tourmalet. Environ 2 kilomètres avant le col, garer son véhicule sur le bas-côté à l'amorce d'un lacet. Départ à 1.920 m.

Dénivelée  : 800 m.

Horaire : 3 à 6 h A & R.

Difficulté  : Itinéraire se déroulant pour partie sur une interminable piste. Escalade sommitale en terrain peu sûr.

Cartographie : Carte Rando Editions N°4 au 1/50.000ème Bigorre.

Bibliographie : Alain Bourneton : Les grandes Pyrénées (Éditions Glénat, 1995). Henri Beraldi  : Cent ans aux Pyrénées (Éditions Monhélios). Pierre Maes : 50 sommets sans corde dans les Pyrénées (Barèges/Saint-Lary, Loudenvielle, Luchon) (Editions Randonnées Pyrénéennes, 1989).

Descendre d'une cinquantaine de mètres dans le talus herbeux, franchir un ruisseau pour récupérer la piste aménagée qui longe les falaises du Pic d'Espade et dessert le télésiège des Quatre Termes. On passe à la Coume de Porteilh, combe à l’écart des pylônes occupée par un laquet en voie d'évaporation (2.130 m). La piste serpente entre les câbles du remonte-pente, on croirait évoluer le long d'une route en terrassement. Les bulldozers n’ont pas fait dans la dentelle, sur les bas-côtés s’amoncellent poutrelles, câbles rouillés et congères de décombres.

À l'altitude 2.300 m, en amont d’une cabane surplombant le lac de Porteilh (2. 265 m), on abandonne (enfin !) la piste au niveau d’un cairn pour suivre à gauche un itinéraire qui se faufile dans une peyrade.

On retrouve un peu plus haut la sente qui s’élève dans un couloir rocailleux raide et malcommode. Après quelques pas d'escalade facile, on gagne la brèche du Contadé (2.665 m), marquée par un énorme gendarme.

De la brèche, descendre d'une vingtaine de mètres versant Est de façon à rejoindre les traces qui prennent la vieille pyramide des Quatre Termes en écharpe. Quelques blocs instables (I. sup.) avant le sommet (2.724 m). Vue imprenable sur une constellation de lacs azurés : Caderolles, Gréziolles, Campana, Bastan. Au Nord-Nord-Est, le pic du Midi de Bigorre se dresse tel un phare au-dessus du col du Tourmalet ; au Sud-Est et à l’Est, encore épargnés par les promoteurs, les pics de Bastan, d’Aulon, de Monfaucon et d’Arbizon découpent l’horizon de leurs crêtes décharnées.

De retour à la brèche, on peut s’offrir plus aisément le Contadé (2.714 m) en dévalant d'une dizaine de mètres versant Est et en récupérant une sente qui court dans la pierraille. La cime dispense un panorama plus admirable que son suzerain sur le massif altier du Néouvielle dont les neiges, victimes du réchauffement climatique, semblent filer un mauvais coton.

Historique

Nul ne sait qui le premier gravit le pic des Quatre Termes (anciennement Soum de Port-Bieilh), ainsi nommé car il sépare quatre domaines de dépaissances (pâturages de Barèges, Néouvielle, Campan et Bastan) réputés pour la qualité de leurs animaux de boucherie et leurs laitages. Au milieu du XIXe siècle, la contrée située au Sud-Est du Pic du Midi est réputée sauvage et quasiment inexplorée. Emilien Frossard, fils d’un des fondateurs de la Société Ramond, entreprit en 1872 de relier Gripp à Orédon par les lacs de Caderolles et la Hourquette de Bastan. Il approcha le pic mais ne s’y risqua pas. Russell, qui parcourut la région quelques années plus tard, la décrivit comme l’empire de la désolation, « un horrible champ de ruines. » En 1901, deux touristes de Barèges, Lacoste et Verdun, l’explorèrent en compagnie d’un pêcheur aussi bouleversé que l’environnement dans lequel ils évoluaient. « Rien de plus désolant, consignèrent-ils à leur retour, que ces régions granitiques où seuls les isards et les vautours peuvent trouver asile. Les monts et les crêtes déchirés, brisés, pulvérisés, s’écroulent et tombent en miettes. Ce ne sont qu’amoncellements de blocs, chaos, ruines gigantesques couvrant de leurs débris les bas-fonds et les flancs des montagnes. Lorsque, l’été, la neige disparaît complètement, que rien ne cache la navrante nudité de ces montagnes, le spectacle qu’elles nous offrent est d’une superbe sauvagerie. »

Les temps ont bien changé puisque la première remontée mécanique des Hautes Pyrénées fut construite en 1936 à Barèges (funiculaire du Lienz), déjà pourvue d’une école de ski depuis 1921. Aujourd'hui, la station de Barèges couplée avec La Mongie est la plus vaste étendue skiable des Pyrénées (100 kilomètres), on y comptabilise 69 pistes et 39 télésièges, dont l’un monte quasiment au pied du Contadé. Évolution d’autant plus stupéfiante qu’à l’origine le lieu-dit La Mongie n’était loti que d’un pauvre baraquement. Il est maintenant question d’une liaison routière entre la station et celle de Saint-Lary qui passerait par la délicieuse vallée d’Aygues-Cluses, où se portent les randonneurs soucieux d’une montagne préservée. « Il règne dans cette vallée, écrit Louis Audoubert, une telle harmonie entre minéral et végétal qu’elle semble être l’œuvre conjointe d’un paysagiste génial et d’un jardinier japonais. » À l’avenir, qui sait, les touristes – les yahous, comme les appelait Beraldi – déambuleront peut-être ici entre les piles de béton d’un échangeur équipé de caméras de vidéo-surveillance. À cette idée, on ne peut s’empêcher de penser à la parole de Zarathoustra : « La terre a une peau et cette peau a des maladies. L’une d’elles s’appelle « homme ».