Les crêtes de Los Sestrales (2.106 m)

Accès routier  : Province d'Aragon, vallée de Bielsa. À Escalona, prendre la direction des Gorges d'Añisclo puis à droite celle de Puertolas. Traverser ce village et emprunter 500 m plus loin la direction de Bestué. On dépasse ce hameau pour prendre 2,5 km plus loin la piste de la Montaña de Sensa (panneau indicateur). Elle contourne le Castillo Major et atteint au bout de 10 kilomètres le col de Plana Canal (1.750 m). Son état médiocre la réserve de préférence aux utilisateurs de 4 x 4.

Dénivelée  : 500 m.

Horaire  : 4h A & R.

Difficulté  : Itinéraire sans réelle difficulté pour amateurs d'open spaces, familles & enfants ayant l'âge de raison. N'approcher en aucun cas des falaises. Ni source ni fontaine sur le parcours.

Cartographie  : Carte n°4 au 1 : 40.000 des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (Ordesa-Monte Perdido).

Faille géologique de plus de 1.000 m de profondeur et longue d’une douzaine de kilomètres, le canyon d’Añisclo, cher au cartographe Franz Schrader, sépare le massif du Mont Perdu à l’Ouest et celui de la Suca et des Tres Marias à l’Est. On ne saurait mieux apprécier cette superbe et impressionnante faille naturelle qu’en montant à ce belvédère privilégié qu’est le Sestrales, point de vue qui complète harmonieusement celui qu'on a du Mondoto. Du pittoresque col de Plana Canal (1.750 m), laisser à droite la piste qui mène au refuge éponyme et à la Montaña de Sensa et prendre le sentier bien visible qui monte à l'assaut d'une croupe d'herbe direction Sud-Sud-Ouest.

Ce sentier suit plus ou moins la bordure du canyon d'Añisclo, dont il épouse les montagnes russes. La pente est modérée. On serpente à travers estives, pelouses grillées et massifs d'arizones (genêts particulièrement piquants). On flirte avec le vide pour s'en éloigner aussitôt.

Après avoir atteint un sommet secondaire nommé Tozal de la Fueva (1.900 m), on peut descendre à droite au fond du vallon pour observer une curiosité naturelle. En s'approchant, on remarque que les parois surplombant le gouffre présentent la forme d'une sorte de menotte ouverte d'environ 60m de diamètre dans laquelle vient s'encadrer le Pic d'Estiva de Mondoto (2.004 m), se trouvant de l'autre côté du canyon.

Continuer plein Sud pour atteindre sans complication le sommet du Sestrales (2.106 m), frère jumeau du Mondoto (1.962 m) situé sur l'autre rive du canyon. D'ici, on domine de plus de 1.000 m le fond du canyon où coule le rio rio Bellos, affluent de la Cinca, qui descend du Mont-Perdu.

À l’Ouest du canyon d’Añisclo, se dresse la trilogie magique du Sobrabe : Cylindre du Marboré, Mont Perdu & Soum de Ramond. Ces trois sommets forment le chainon dit des Tres Sorores.

À droite du col, s'érige la Suca ou Cega (2 .781 m), flanquée des Tres Marias dont la plus haute culmine à 2. 770 m.

C’est le géographe Franz Schrader (1844-1824), qui lors de sa campagne de 1875 fut le premier à se pencher (c'est le cas de le dire) sur la géologie du canyon d’Añisclo. Il avait publié en collaboration avec son ami Lourde-Rocheblave une carte au 1 : 40.000e du Mont-Perdu et de la région calcaire des Pyrénées Centrales qui lui valut une notoriété immédiate et l’intronisa dans le cercle des premiers pyrénéistes, Russell, Packe, Wallon et Lequeutre. Ce dernier l’accompagna dans sa campagne de prospection topographique au Sud du massif calcaire lors de laquelle ils grimpèrent au col d’Añisclo depuis la Pineta. « Pour rien, au monde, relata-il, nous n’aurions renoncé à franchir le col d’Añisclo, au-delà duquel nous trouverons des régions inconnues. Aucun voyageur, pas même Ramond, ne l’a jamais franchi. » Son examen fut sans appel, il balaya l’hypothèse selon laquelle l’érosion glaciaire et la fonte des eaux aient pu creuser les canyons d’Añisclo & d’Ordesa. « Ce ne sont pas, affirma-t-il, des crevasses d’écartement élargies par la fusion des neiges, ils se sont formés par effondrement, et ses tributaires par déblaiement. » Du col, ils découvrirent avec stupéfaction le profond canyon qui fuyait au Sud, un cirque étagé en terrasses fracturé de deux barrancos (Font Blanca et Pardina), et dont nul ne soupçonnait encore l’existence. « Nous sommes suspendus au milieu des airs comme sur le proue d’un navire, constata Schrader. Il semble impossible de sortir de ces murailles autrement qu’avec des ailes. »