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Passer la barrière métallique, suivre la piste cimentée qui grimpe sec au Nord-Est et atteint rapidement les estives. Face à nous, un paysage de carte postale avec, de gauche à droite, Peña de Mediodia, Rueba Bernera, Pico Olibon, Llena del Bozo, Llena de la Garganta et Aspe. Rien n’y manque : ni les bosquets de pins, ni les pelouses parsemées de touffes de rhododendrons, d’églantines, d’iris, de renoncules et de gentianes ni les ruisseaux d’eau vive avec cascades aux ruptures de niveau, ni les crêtes laminées par l’érosion caractéristique des régions calcaires, ni les couloirs d’éboulis, ni les champs de neige baignés par la luminosité ambrée des hautes altitudes. Et, au lever du jour, il n’est pas rare qu’une harde d’isards assure la visite guidée des lieux. |
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La cible est quasiment visible dès le départ. Semblable à la proue d’une épave échouée sur des hauts-fonds, elle émerge d’un univers minéral tourmenté qui n’est pas sans évoquer les Arres du pic d’Anie, autre grande montagne calcaire. On distingue le couloir nommé el Tubo, constamment enneigé, qui balafre la face méridionale.. |
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Descendre vers le ruisseau que l’on traverse à gué. Prendre pied sur la crête herbeuse qui surplombe la haute vallée de Napazal, délaissée aujourd'hui par le bétail. Ne pas se laisser attirer par les différents sentiers qui s’enfoncent dans la combe du Rigüelo et le cirque de la Garganta de Aisa dominé par le Borau et le Lecherin. |
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Passer auprès d’un abreuvoir à sec (1.770 m), dépasser un énorme bloc erratique puis prendre en traversée une sente bien tracée vers l'échancrure (El Embudo) qui scinde en deux les falaises de droite (1.960 m). |
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Le goulet franchi, progresser en écharpe sur un terrain mi-herbeux mi-rocailleux vers trois gigantesques canines et une molaire en ruines (El canino y los tres molares) que l’on contourne par la droite. |
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Au niveau d’un défilé marqué d’un grand cairn (2.150 m), l’itinéraire se dédouble. Privilégier celui de gauche si la combe s’avère enneigée. |
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On pénètre à ce niveau au cœur du lapiaz qui mène à la brèche d’Aspe. Les cairns se faufilent à travers des montagnes russes de roches délavées, puis s’orientent vers une longue corniche longtemps occupée par un névé qui surplombe d’une quarantaine de mètres le talweg de la Garganta d’Aisa (Las Llanas). |
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Les derniers gradins gravis, on atteint sans difficulté particulière la brèche d'Aspe (2.430 m). De là, remonter dans la pierraille la rampe qui mène au sommet (éboulis et escalade facile) |
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Panorama : Anie, Bisaurin, Table des Trois Rois, Ansabère, Anayet, Ossau, Balaïtous, Collarada, Pala d'Yp, pics d'Enfer, etc. |
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Les montagnes d’Aspe et d’Ossau furent le terrain de jeune favori des cinq frères Cadier, natifs d’Osse-en-Aspe. En septembre 1891, George et son père gravirent la Rueba del Boso depuis le lac d’Estaëns. Une révélation. " Les trois sommets les plus proches surgissent d'un cirque creusé sous nos pieds. Ils se ressemblent comme trois frères, trois grands seigneurs. La Llena del Boso est le moins haut ; la Llena de la Garganta est le plus élégant ; le pic d'Aspe, le plus majestueux, avec la simplicité de ses lignes si pures. » En 1892, le tandem pensait réaliser une prise majeure en gravissant le pic d’Aspe par le Pas éponyme, ils durent déchanter en foulant le sommet, des chasseurs d’isards y avaient déjà érigé un tas de pierres. Quoi qu’il en soit, le jeu en valait la chandelle. « C’est une de ces vues prodigieuses en présence desquelles on s’extasie devant l’immensité, s’exclama George, on a l’infini devant soi. Plaine de France et plaine d’Espagne fuient de chaque côté ; l’une – au-delà de la vallée d’Aspe que le regard enfile – vaporeuse et bleue, rayée d’or au passage des gaves ; l’autre – au-delà des grandes ondulations – étincelant comme un fer rouge, s’élargissant dans l’espace, où les rios alignent des diamants, s’évanouissent dans l’éblouissement du ciel. Oh ! cette flamme où nos Pyrénées incrustent leur élégance et leur hardiesse et qui leur donne l’irrésistible séduction ! »
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