Ascension du pic d'Estibère (2.665 m)

Accès routier  : À la sortie Saint-Lary, prendre la D 929 qui se dirige vers l’Espagne et le tunnel de Bielsa. À Aragnouet-Fabian, prendre à droite la route qui mène au massif du Néouvielle. Au lac d’Orédon, bifurquer à droite pour suivre la route qui mène aux lacs d’Aubert et d’Aumar. Poste de péage l’été. Garer le véhicule au terminus de la route (parking 2.150 m).

Dénivelée  : 500 m.

Horaire : 3 à 4 h A & R.

Difficulté : Itinéraire sans sans complication jusqu’au col de Madamète. Sentier bien tracé, accessoirement balisé GR. Le parcours de la crête, sur des blocs concassés et instables, nécessite une certaine habitude de l’exercice.

Cartographie : Carte Rando Editions N°4 au 1/50.000ème Bigorre.

Bibliographie : Pierre Maes : 50 sommets sans corde Barèges/St. Lary/Loudenvielle/Luchon (Éditions Randonnées pyrénéennes, 1989). Pascal Ravier : L’aventure du Néouvielle (Cairn, 2009). Vincent de Chausenque : Les Pyrénées, ou voyages pédestres dans toutes les régions de ces montagnes, depuis l'Océan, jusqu'à la Méditerranée (Monhélios, 2006)

Du parking, prendre le large chemin qui file au Nord en laissant derrière lui le lac d’Aubert. On est sur le GR 10, balisé rouge et blanc, relativement fréquenté à la belle saison, il mène au col de Madamète puis bascule versant Aygues-Cluses et rejoint le Pont de Gaube, autre départ possible.

On longe la rive droite du lac d’Aumar, avant de s'élever sur le bourrelet qui le sépare du lac d'Aubert. On se trouve au cœur de la Réserve Naturelle du Néouvielle, réputée pour la beauté de ses paysages.

Dès le départ, la cible est en vue, à l'aplomb du lac d'Aumar.

Sur notre gauche, le Ramougn et le Néouvielle, qui, d’année en année, se voient dépouillés de leurs parures neigeuses par le réchauffement climatique. Les géologues nous apprennent que le Néouvielle se trouve dans la zone axiale des Pyrénées centrales et qu’il est majoritairement (groupe pic Long/Campbiel excepté) constitué de pluton (massif cristallin formé de roches magmatiques) installé au Carbonifère, il y a 300 millions d’années. C'est durant la glaciation du quaternaire [2 millions d’années] que le paysage actuel a pris corps. Les glaciers ont creusé des cirques et des vallons ; les précipitations et les eaux de fonte ont donné naissance à des torrents et des cascades qui viennent alimenter soixante-dix lacs d’origine glaciaire, dont les plus connus sont les lacs de Cap-de-Long, d’Orédon, de l’Oule, d’Aubert et d’Aumar, auxquels nous tournons le dos pour pénétrer dans une grande combe pierreuse.

Le massif du Néouvielle, devenu réserve naturelle en 1935, intégré au Parc National des Pyrénées en 1967, se trouve au centre des montagnes situées entre Luz et Saint Lary. Le plus haut sommet, le pic Long (3.192 m), fut conquis par le Duc de Nemours en 1846. Le Turon de Néouvielle avait été gravi par le physicien Henri Reboul & l’astronome Jacques Vidal en 1787 pour servir la cause de la science : entreprendre des opérations de nivellement et des mesures d’altitude. Ce fut le premier "3.000" à tomber aux Pyrénées. Le 10 juillet 1847, le naturaliste Vincent de Chausenque, âgé de 65 ans, posait le pied sur la cime inviolée du Néouvielle et il y resta 3 heures à savourer son succès avec son guide, Bastien Teinturier.

La montagne s’embrase au soleil, la luminosité donne au ciel une profondeur céruléenne : le fameux bleu Néouvielle, si difficile à rendre pour les peintres. Les buissons de rhododendrons, les gentianes et les anémones ajoutent la touche de poésie nécessaire à toute escapade en montagne.

Les banquettes herbeuses se succèdent, agrémentées de cascades et de bosquets de pins à crochets. Sentier, comme toujours dans une région granitique, truffé de racines et de rochers affleurant.

De ressaut en ressaut, on arrive à un promontoire qui surplombe le Gourg de Rabas (2.400 m), cuvette d’eau aigue-marine que l’on contourne par la droite sur un enchevêtrement de blocs de granit plus ou moins stables. Traversée qui donne lieu à quelques acrobaties. En fond d’écran, le sourcilleux pic de Madamète, plus fréquenté car plus accessible que son voisin de palier.

Le sentier reprend dans un vallon encombré de blocs erratiques (névés jusqu’à la mi-juillet).

Col de Madamète (2.510 m). Entre le pic de Madamète & celui d'Estibère.

L’escalade de l’Estibère démarre par une sente qui s’estompe bientôt pour être remplacée par des cairns. Ceux-ci disparaissent à leur tour et c’est au randonneur de trouver soi-même son chemin en louvoyant entre les énormes blocs branlants qui jonchent la crête. Toutes proportions gardées, cela ressemble à la course de l’Ardiden, autre grand sommet de granit rose. Les amateurs apprécieront cette gymnastique qui réclame une certaine prudence, les autres rebrousseront chemin. Afin d’éviter un escarpement, on descend un peu flanc Sud, où on trouve une trace qui monte vers la cime dans un terrain escarpé mais plus sûr

Bien que d’altitude modeste, l’Estibère se révèle un belvédère de choix sur le massif du Néouvielle et ses satellites, à commencer par le Madamète, son vassal. Au Sud, le pic Bugatet, le pic Méchant, l’Estaragne, le Campbiel, la Hourquette de Cap de Long, le Ramougn et le Néouvielle. Au Sud-Sud-Ouest, le Vignemale ; à l’Ouest, les pics de Barbe-de-Bouc, d’Ardiden, du Balaïtous, du Barbat, du Gabizos et du Cabaliros. Au Nord trône le pic du Midi de Bigorre ; plus à l’Est, le pic Allemand, le pic des Quatre Termes et celui de Contadé, les pics d’Aygues-Cluses, d’Arbizon, de Bastan et de Maubermé. Rien que du beau linge.

Retour : Afin de varier les plaisirs, suivre hors sentier la crête facile qui relie l’Estibère au pic d’Aumar, elle comporte plusieurs collets qui sont autant d’échappatoires possibles. Le dernier s’évase en une vasque d’éboulis qui dissimule un minuscule laquet. On rejoint le GR 10 en aval du Gourg de Rabas.