Ascension de la Codera (2.437 m)

Accès routier  : Vallée de Bielsa. Du tunnel descendre la vallée en direction d’Ainsa puis à Salinas de Sin bifurquer à gauche pour s'enfoncer en vallée de Chistau. Cinq kilomètres plus loin, laisser à droite la route qui monte à Saravillo et suivre à gauche celle qui mène à Sin. Avant de descendre sur le village de Serveto, prendre à gauche, en face d’un panneau d’information touristique, la piste qui mène au collado de la Cruz de la Guardia (non signalé). 12 km de piste plutôt bien entretenue, accessible aux véhicules de tourisme à condition de rouler doucement. En bordure de la piste, on peut voir les ruines du cantonnement occupé à la fin XIXe siècle par les troupes carlistes, chargées de défendre le col, et lui donnèrent son nom. Au col, on trouve à se garer en lisière de la piste. Départ à 2.113 m.

Dénivelée  : 450 m.

Horaire  : 2 à 3 heures A & R.

Difficulté  : Point culminant de la secrète sierra de Fubillons, la Codera (coudière), éminence voisine de la punta Suelza et du Pico Parda, se laisse gravir sans difficulté – si ce n’est l’absence de sentier et de balise. Une randonnée à l’écart des spots touristiques parmi des pâturages aujourd’hui désertés, où flotte une atmosphère typiquement aragonaise.

Cartographie : Carte N°5 au 1 : 40.000e (Bielsa/Bal de Chistau) des Editions Pirineo nantie d'un livret explicatif (disponible en français). Carte N°23 au 1 : 50.000e  (Aneto/Posets) de Rando Éditions.

En bordure de la piste, le Réflecteur Pasivo de Telefónica, non loin du col de Piedra Blanca.

En vue du col du collado de la Cruz de la Guardia, au pied de la sierra des Maristas.

De la fin de la piste autorisée, poursuivre sur 3 km jusqu’à son terminus, où se tient la cabane de la Pardinas.

Pendant que les vaches se remplissent goulûment la panse, les isards se livrent à des cabrioles et des gambades effrénées.

Cabane de las Pardinas (2.050 m). Source à proximité, sur le sentier de la Suelza.

Obliquer au Nord-Est à pleine pente, en surplombant le talweg de la ravine.

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On récupère des bribes de sentiers qui mènent au collado de Pardinas, que l’on atteint sans encombre (2.251 m).

Splendide échappée sur la façade occidentale du massif Posets & Eriste.

A défaut de cairn, on trouve un panneau Reserva de caza… et une clôture barbelée.

Prendre la croupe herbeuse en écharpe et progresser sur son flanc occidental en profitant de rares sentes de brebis.

On louvoie à travers un moutonnement de mamelons herbeux parsemés de blocs blanchâtres. Difficile d’en distinguer le point culminant.

Palier après palier, on finit par accéder au faîte de la sierra, une cime rocailleuse jadis surmontée d’un cairn, aujourd'hui effondré.

Punta Suelza & pico de la Parda.

Superbe perspective sur les Puntas Llerga & la Peňa de Arties, qui encadrent la vallée de Chistau.

Retour : Ceux qui possèdent une bonne lecture de la topographie des lieux verront qu’il est parfaitement loisible de poursuivre en crête au Sud-Est puis de descendre au Sud pour récupérer une des deux combes qui atterrissent non loin du collado de la Cruz de la Guardia.

Les pentes sont modérées et ne peuvent présenter de danger que si l’herbe est mouillée. Bâtons utiles.

La sierra des Maristas depuis le collado pédestre du GR 191.

Historique

La première mention du collado de la Cruz de Guardia dans la littérature pyrénéiste est à mettre à l'actif de l'écrivain Alfred Tonnellé (1831-1858). Simple touriste invité à séjourner chez des amis à Luchon durant l'été 1858, il tomba sous le charme de la montagne pyrénéenne et forma le projet d'explorer le Haut-Aragon. Il fit œuvre de défricheur en parcourant les vallées d'Ordesa, de Bielsa et de Gistain [Chistau], aussi inconnues que celles de la lune à cette date. Le 1er août 1858, il réalisa la première de Forcanada ou Malh des Pois (2.881 m) avec les guides de Luchon, Lafont, Ribis et Redonnet, dit « Nate ».

La fin de son périple en Aragon l'amena à Bielsa, d'où il prit la direction de l'hospice de Chistau en suivant peu ou prou l'itinéraire de l'actuel GR 191 (accessible aux VTT), qui longe la crête des Maristas pour atteindre le collado de la Cruz de Guardia. « Nous franchissons la montagne de Malista , consigna-t-il, qui sépare les deux vallées [Bielsa & Chistau] . Le chemin suit un beau ravin latéral au-dessus de Bielsa. Monté au milieu d'une végétation touffue de buis puis parmi des pins magnifiques et vigoureux. Au-dessus nous suivons un grand col herbé [Cruz de Guardia], allongé, qui n'en finit pas. Dans l'herbe, grands chardons jaunes, comme des soleils d'or, comme de larges cœurs enflammés et rayonnants. Tout le temps qu'on monte, on a la plus admirable vue, quoiqu'un peu lointaine, mais complète et grandiose, sur la masse du Mont-Perdu. C'est le versant oriental qui se présente ici, l'effet de lumière est très beau, d'abord enveloppé d'un orage noir et épais, les nuages et les rochers se confondent, puis l'orage est balayé, toutes les crêtes se dégagent vigoureusement sur le ciel. Au bas s'étale la belle vallée de Pineta, avec le sillon d'argent qui la descend et dont les ombres passantes des nuages brunissent ou polissent la surface. »

Tonnellé rédigea en cours de route un carnet de voyage considéré depuis comme un classique du genre : Trois mois aux Pyrénées et dans le Midi en 1858 .

Vue plongeante sur la vallée de Bielsa, le Mont-Perdu et le balcon de la Pineta.