Ascension du Soum des Salettes (2.976 m)

ou Tour des Aiguillous

Accès routier  : D'Arreau, suivre la D929 qui se dirige vers le tunnel de Bielsa. A Aragnouet-Fabian, laissez à droite la Route des Lacs, Cap de Long & Néouvielle, pour suivre celle qui dessert l’Espagne. Juste après la Chapelle des Templiers, bifurquer à droite vers la station de Piau-Engaly et garer son véhicule sur le parking le plus élevé, celui des Mouscades. Départ à 1.876 m, au niveau des panneaux d’information.

Dénivelée  : 1.100 m environ compte-tenu des pertes de niveaux.

Horaire : 6 à 7 h A & R.

Difficulté : Situé entre le massif Campbiel/pic Long au Nord et les cimes d’Estaubé, Gerbats & Munia, au Sud, le Soum des Salettes ou Tour des Aiguillous est un peu le laissé-pour-compte de la région. Attendu qu’il lui manque 24 m pour appartenir au gotha des "3.000", on ne se bouscule pas vraiment sur son dos d’âne et ce n’est pas nous qui nous en plaindrons. Pas de difficulté notable, mais course plus longue qu’il n’y parait et d’un dénivelé non négligeable. Les Aiguillous, de aygue, aïgue ou eygue (eau vive), doivent leur nom aux multiples ruisseaux argentés qui ravinent ses flancs.

Cartographie  : Carte Rando Éditions Pyrénées N°4 Bigorre au 1 : 25.000.

Bibliographie : Miguel Angulo : Pyrénées 1.000 Ascensions Tome 3 : Gavarnie à Bielsa (Éditions Elkarlanean, 2001). Lucien Briet : Par-delà la Munia (C.A.F., 1902). Pierre Maes : 50 sommets sans corde Marcadau-Cauterets-Gavarnie (Éditions Randonnées pyrénéennes, 1989).

Descendre vers le remonte-corde des Mouscades et suivre sur une cinquantaine de mètres la piste empierrée qui file au Sud puis prendre à droite au niveau d’un écriteau pour traverser la Neste de Badet, quasiment à sec à la mi-septembre 2020. On pénètre ici dans le Parc National. Chiens interdits même tenus en laisse.

Le sentier, qui dessert également les Hourquettes de Héas et de Chermentas, n’est pas balisé mais suffisamment bien tracé, nanti en cairns et panonceaux aux endroits stratégiques pour n’avoir pas à s’égarer.

Dès le départ, la cible se détache à l’horizon, flanquée à sa gauche du Pène Blanque. Le sentier s’écarte peu à peu du Badet pour s’élever sur les pentes orientales de la montagne de Cap de Long. On passera ainsi successivement au pied du pic de Bugatet, du pic Méchant, du pic d’Estaragne et du Campbiel, le maître de céans.

« Vu de la station de Piau-Engaly, note Pascal Ravier, le terrain est typiquement pyrénéen, identique à celui qui agrémente l’ensemble des murailles méridionales du Bugatet aux Aiguillous. Dominant le riant vallon de Badet, éperons, couloirs et ressauts bondissent vers la cime sur un millier de mètres. Pentes d’herbes peu engageantes, ressauts schisteux délicats, parterres de gyspet sont le lot commun de ces versants qui ne reçoivent que de rares visites estivales. »

On s’oriente à l’Ouest à travers des croupes herbeuses où paissent vaches et chevaux, puis au Sud-Ouest avant de repartir à l’Ouest en balcon. Après le franchissement d’un ruisseau sur une passerelle, on ne tarde pas à débarquer dans une vaste combe de rocailles. En son centre, un cairn et un dernier panonceau (2.230 m).

Laissez à gauche le sentier des Hourquettes de Héas et de Chermentas pour rejoindre la base du vallon du port de Campbiel, parfaitement visible à l’Ouest.

La sente circule au milieu d'un champ de décombres et de blocs fracassés. Une série d’amples lacets nous attend au tournant, plus raides à mesure de la progression.

Juste sous le port, on contourne par la droite un névé persistant avant de déboucher à la selle pierreuse qui borne la vallée d’Héas et celle de Badet : le port de Campbiel (2.596 m).

Reste près de 400 m de dénivelé pour la cime. Attaquer la rampe qui serpente au Sud en direction du Soum – dont l’apparence évoque davantage un tumulus ou un tertre qu’un pic proprement dit. La barrière rocheuse dont il est le culmen est fendue d’une brèche qui, toutes proportions gardées, rappelle celle de Roland, dont on verra l’original du sommet.

La sente grimpe vigoureusement à l’assaut de ce bastion, défendu par un tapis de caillasse schisteuse et de bancs d’ardoises désagrégés, vestige d’un édifice dont on a peine à imaginer l’apparence initiale. Un dernier bourrelet rocheux et on aboutit à une terrasse oblongue flanquée d’un grand cairn et de deux piles de pierres.

Soum des Salettes. 2.976 m. Du fait de sa position intermédiaire entre le massif de Néouvielle au Nord et celui de Troumouse au Sud, le panorama se révèle d’un exceptionnel intérêt tant esthétique que géographique.

Le premier pyrénéiste à avoir mentionné la Tour des Aiguillous – que Ramond confondit avec le pic de Gerbats – est le britannique Charles Packe qui dans Guide to the Pyrenees (1867), proposa son ascension à ceux qui effectuaient le trajet d’Aragnouet à Héas. Grand marcheur, il donnait 4 heures pour monter au pic à partir d’Aragnouet et 3h of good walking pour descendre à l’Ouest sur la chapelle de Héas. « Je ne connais aucun autre endroit d’où le Mont-Perdu et ses dépendances soient mieux mis en valeur, affirmait-il. Glorious view. »

Surnommé L’homme-Troumouse en raison de sa connaissance de ladite zone, le pyrénéiste Lucien Briet livra plusieurs articles et monographies sur le sujet, abonda en son sens. « Le pic des Aiguillous, assurait-il, est un des clous de la région. »

Avis que nous partageons sans restriction. Tour d’horizon à partir du Sud-Ouest : Massif Aňisclo/Mont-Perdu/Marboré/Gavarnie, Pimené, Espécières, Vignemale, Grande Fache, Balaïtous, Soum d’Aspe, Cestrède, Chanchou, Ardiden, Bugarret, Badet & Maou, pic Long, Campbiel, Estaragne, Turon & Néouvielle, pic Méchant, Arbizon, Lustou, Batoua, Schrader, Posets, Suelza & Fulsa.

Vue plongeante sur l’ensemble du Cirque de Troumouse, à commencer par la Gela, le Gerbats, le pic de Troumouse, la Munia et le Gabiédou. Et, 1.500 m plus bas, sur l’auberge du Maillet, Héas et sa chapelle.