Ascension du pic de Bataillence (2.604 m)

Accès routier  : De Saint-Lary, prendre la route qui mène à Aragnouet, puis suivre la direction de l’Espagne et garer son véhicule à l’entrée Nord du tunnel de Bielsa, sur le parking de gauche. Départ à 1.820 m.

Dénivelée  : 800 m.

Horaire  : 4 à 5 h A & R.

Difficulté  : Le pic de Bataillence – le plus méridional des pics de la vallée d’Aure –, compte au nombre des laissés pour compte de la zone frontalière, son nom ne figure pas même dans Cent ans aux Pyrénées de Beraldi. Autant dire qu’on ne connaît ni son premier vainqueur ni son étymologie. Un membre de Pyrénées Team nous informe que le terme bataillence pourrait provenir soit du gascon batalh (battant de clarines, sonnailles d’animaux), soit d’un champ de bataille aux abords de la frontière. Quoi qu’il en soit, cette montagne demeure le meilleur belvédère de la longue crête qui s’étire du port de Bielsa à celui de Héchempy et il se laisse gravir sans grosse difficulté en toute saison.

Cartographie : Carte Rando Éditions N°4 Bigorre au 1 :50.000e. Carte Pirineo N°5 Bielsa – Val de Chistau au 1 : 40.000e. Web : https://mapcarta.com/fr/N3306016201

Suivre le sentier bien marqué qui démarre au niveau d’un panneau rappelant que ce chemin de la liberté (celui du port de Bielsa) a été tracé à partir du récit de Jean Cazenave. Evadé de France, il l’a suivi en mai 1943 pour quitter la France occupée par les nazis et rejoindre les armées de libération en traversant l’Espagne franquiste.

On se dirige vers le ravin de Riou-Nère dont on suit la rive gauche. On passe près de la belle cascade éponyme, qu’on peut désigner du nom de Voile de mariée ou de Queue de cheval suivant le débit du torrent (1.930 m).

Peu après le passage d’un ru (1h), on trouve, peintes sur une pierre plate (2.230 m), deux flèches indiquant les directions du port de Bielsa et celle du Bataillence.

Obliquer à gauche (Est), pour franchir un ressaut et accéder à une selle herbeuse. On part en traversée au-dessus de la vaste combe dominée par le Pène Abeillère, une estive où paissent des centaines de moutons gardés par des patous habilités à vous mordiller les mollets si jamais vous vous avisiez de tailler des croupières à leurs ouailles.

On longe la base d’un énorme éperon rocheux, dont les murailles constituées de dalles grises semblent promises à des effondrements récurrents ; à leur pied s’amoncellent déjà les ruines tombées de leurs flancs. Grandeur & décadence des schistes du Dévonien.

Après être passé auprès d’un petit étang, on progresse dans une zone pastorale parsemée d’éboulis et de blocs épars. Lorsque la sente s’efface des cairns prennent le relais.

Un raidillon qui porte bien son nom nous amène à l’orée du vallon supérieur, où on remarque un abri sous roche (2.150 m).

Coup d’œil dans le rétro : Gerbats, Gela, Salettes & Campbiel.

Vers 2.430 m, ne pas suivre le sentier qui bifurque à l’Est vers le port de Bataillence mais attaquer la croupe herbeuse qui monte plein Sud, à droite, vers de grandes plaques d’ardoises miroitant au soleil.

On tourne le dos au Pène Abeillère et au Garlitz, qui règne sans partage sur les vallées de Saux et du Moudang.

Une série de lacets dans les éboulis, et on atteint un col anonyme coté 2.510 m, au Nord de la cime, encore invisible.

A droite toute. Une sente file dans la caillasse, épousant les dos d’âne de cette crête qui relie notre cible au port de Bataillence, qu’on laisse dernière nous.

En guise de dessert, un mille-feuilles d’ardoises cassantes, typique des terrains de transition. Certains passages méritent un minimum d’attention, et se révèlent malcommodes à la descente, où on risque de s’écorcher la peau des fesses.

La pente s’atténue et on gagne le dôme sommital planté d’un vulgaire tube d’acier.

Le comte Henry Russell, pour qui une ascension ne présentait d’intérêt que si elle offrait un panorama d’exception, aurait trouvé là un observatoire à la hauteur de ses aspirations. 

Parmi les principales sommités, on remarque : Au Nord, le Pène Abeillère & le Garlitz. A l’Est, Escalet, Sarrouès, Aret, Thou, Lustou, Arriouère (ou pico de Salcorz) & Marty Caberou. Au Sud, puntas Suelza & Fulsa, Cotiella, puntas Llerga & Montañesa. Au Sud-Ouest, Las Tres Marias & Suca, Mont-Perdu, Cylindre & Marboré. A l’Ouest, Robiñera & Munia, Troumouse, Heid, Port-Vieux, Barroude, Gerbats, Gela & Soum des Salettes. Au Nord-Ouest, Campbiel & Estaragne, Trois Conseillers & Néouvielle, Méchant, Bugatet, pic du Midi, Madamète, Aygues-Cluses, Quatre Termes, Bastan & Bastan d’Aulon.

A nos pieds, versant oriental, le curieux lac de Héchempy, qui alimente la Neste du même nom et se déverse dans la vallée du Moudang.